À l’heure des canicules exceptionnelles dans des endroits jusqu’ici tempérés, des pluies diluviennes et des crues meurtrières, l’alerte de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), relayée par l’Agence France Presse (AFP) le 20 juillet, vient rappeler l’urgence climatique et souligner le manque d’initiatives ambitieuses de la part des gouvernements. Malgré les grandes déclarations rappelant, depuis le début de la crise du Covid-19, « combien il était important de mieux reconstruire, pour un avenir plus sain, relève Fatih Birol, le directeur de l’AIE, beaucoup doivent encore joindre les actes à la parole », souligne-t-il.
Un développement des énergies propres toujours à la traîne
Les plans de relance présentés par les gouvernements à la suite de la crise sanitaire n’accordent en effet pas suffisamment de place aux énergies propres, regrette l’agence. « Les États ont débloqué des sommes sans précédent pour affronter la pandémie, mais à peine 2 % sont allés à ce jour à la transition en faveur des énergies propres », a-t-elle calculé dans une analyse des plans de relance et de leur impact énergétique. « Non seulement l’investissement dans les énergies propres place le monde loin du chemin de la neutralité carbone en milieu de siècle, mais il ne parvient pas non plus à prévenir un nouveau record d’émissions », déplore-t-elle.
Des émissions de CO2 toujours en hausse
Les émissions mondiales de CO2 devraient atteindre en effet un niveau jamais vu d’ici à 2023, et même continuer à croître par la suite, s’alarme l’AIE. Pourtant, ce sont bien ces émissions de gaz à effet de serre qui sont à l’origine de la hausse générale des températures et, par conséquent, des catastrophes climatiques qui font de plus en plus souvent la une de l’actualité. Mais malgré les nombreuses mises en garde, les politiques ne semblent toujours pas avoir pris la mesure des actions à mettre en œuvre.
Des investissements insuffisants
La crise sanitaire est venue compliquer la donne. « À ce stade, l’essentiel des 16 000 milliards de dollars de mesures fiscales annoncées est allé dans les dépenses sanitaires et le soutien d’urgence aux entreprises et ménages, explique l’AIE. Quelque 2 300 milliards ont été consacrés à la relance économique, dont 380 milliards liés à des projets énergétiques "durables". » À ce jour, les mesures adoptées devraient entraîner 350 milliards de dollars de dépenses supplémentaires annuelles, de 2021 à 2023 : c’est mieux qu’avant le Covid, mais pas suffisant.
Avec la crise, l’AIE veut, grâce à son outil de suivi des plans de relance ("Sustainable Recovery Tracker"), aider les gouvernements à mesurer l’impact de leur action. Ce bilan actualisé est aussi publié en vue du G20 des ministres de l’Environnement et de l’Énergie des 22-23 juillet à Naples. La route est « étroite mais encore praticable, si nous agissons maintenant », a indiqué Fatih Birol.
We just launched @IEA’s new Sustainable Recovery Tracker to measure how governments’ responses to the Covid-19 crisis are affecting clean energy investment & CO2 emissions.
It shows that only 2% of fiscal support goes to clean energy transitions ➡️ https://t.co/8WzlGaDJu5 pic.twitter.com/fvVudGeDMb
— Fatih Birol (@fbirol) July 20, 2021
L’écart se creuse entre le Nord et le Sud
L’AIE insiste aussi sur le devoir des pays du Nord de soutenir les pays du Sud, car la tendance est particulièrement préoccupante dans les pays en développement et émergents, où, par exemple, le rebond de la demande électrique trouve sa réponse dans le charbon plutôt que le solaire ou l’éolien. Ces régions affichent à peine 20 % des investissements nécessaires à leur décarbonation, selon le rapport, qui craint un « fossé grandissant » avec les pays riches.