Les déserts médicaux poursuivent leur progression en France : entre 2015 et 2018, le nombre de personnes ayant accès à moins de 2,5 consultations de médecin généraliste par an est passé de 2,5 à 3,8 millions. Si la part de la population vivant en zone sous-dotée reste « faible », elle a toutefois augmenté de 3,8 % à près de 6 % en quatre ans seulement, souligne une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) parue vendredi 14 février. Pour le service statistique du ministère de la Santé, ce phénomène inquiétant est à la fois lié à « une baisse du nombre total de consultations proposées par les médecins » et à des « besoins de soins croissants » essentiellement dus à la progression démographique (+ 1,2 % sur la période). La diminution du « temps médical disponible » s’explique quant à elle spécifiquement par la baisse globale du nombre de praticiens en activité, consécutive à de « nombreux départs à la retraite ». Une réduction « que les nouvelles installations ne compensent pas quantitativement en raison de l’effet du numerus clausus appliqué au cours de ces dernières décennies ».
La Guyane, la Guadeloupe et la Martinique plus touchées
D’après l’étude, les régions les plus touchées par la sous-densité de médecins généralistes sont la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe, suivies en métropole par l’Île-de-France et le Centre Val-de-Loire. En Guyane, la situation apparaît « particulièrement dégradée » : la part de la population vivant dans une zone faiblement dotée en 2018 s’élève à 44,2 %, soit environ 120 000 personnes, avec toutefois une stabilisation du nombre de médecins. C’est en Île-de-France que le nombre de personnes concernées est le plus élevé, soit 1,8 million (14,6 % de la population), contre 318 000 (12,3 %) en Centre Val-de-Loire. Dans ces deux régions, le nombre de généralistes a diminué respectivement de 4,2 % et de 5,8 % alors que la croissance démographique y est positive (+ 1,3 % et + 0,3 %).
La Normandie, dont seulement 1,5 % de la population vivait en zone sous-dense en 2015, en compte désormais 5,3 % (175 000 personnes). Cela s’explique essentiellement par une réduction de 4,2 % de la population des médecins entre 2015 et 2018. A noter que d’autres régions comme la Bretagne, l’Occitanie et la Provence-Alpes-Côte d’Azur sont elles aussi confrontées à un manque de généralistes. Enfin, la région la mieux lotie est « La Réunion, dont la population en zone sous-dense est nulle, malgré une légère dégradation de l’accessibilité (- 1,7 %) entre 2015 et 2018 ».
Des zones sous-dotées peu attractives
La Drees constate que « les territoires les mieux dotés en médecins généralistes sont aussi les plus attractifs, tant du point de vue de la croissance démographique que des équipements (sportifs, culturels, commerciaux et scolaires) ». A l’inverse, les zones en souffrance « sont moins bien équipées que la moyenne ». La densité de médecins spécialistes et de professionnels paramédicaux y est également plus faible. Souvent isolées géographiquement, elles se distinguent par une croissance démographique et un peuplement relativement faibles ainsi que par une température en moyenne plus basse qu’ailleurs, ce qui est sans doute moins attrayant. Si ces zones rassemblent surtout des communes rurales, qu’elles soient hors aires urbaines ou périphériques d’un grand pôle, on y trouve aussi « certaines banlieues parisiennes », ajoutent les auteurs de l’étude.
Pour la Drees, l’accessibilité aux médecins généralistes s’inscrit donc « dans une problématique plus globale d’aménagement du territoire ». Dans la situation actuelle, « les stratégies visant la libération de temps médical utile – nouvelles organisations territoriales, protocoles de coopération interprofessionnelle, recours au numérique, etc. – (pourraient) constituer un levier » pour freiner la progression des déserts médicaux.
Les déserts médicaux gagnent du terrain
Selon une étude de la Drees, la part de la population vivant dans une zone sous-dotée en généralistes est passé de 3,8 à près de 6 % entre 2015 et 2018. Un phénomène essentiellement dû à la baisse globale du nombre de médecins en activité, associée à une augmentation de la demande de soins.