Alors que la Sécurité sociale se prévalait ces deux dernières années d’une baisse continue des accidents du travail - jamais vue depuis soixante-dix ans- une étude de l’organisme présentait et relativisait ces bons résultats. Sortie en avril 2019, « Cancers reconnus d’origine professionnelle : évolution statistique, actions de prévention et d’accompagnement des salariés exposés » révèle le triplement de cancers professionnels en l’espace de vingt ans. De 540 cas en 1998, le chiffre est passé à 2 000 cas reconnus en 2017, soit une représentation entre 5 et 6 % parmi tous les cancers en France. De plus « sur la même période, plus de 50 000 maladies professionnelles ont été reconnues par an, liées majoritairement à des troubles musculo-squelettiques »… Par ailleurs, beaucoup de non-déclaration sont à comptabiliser, car les malades ne font pas tous le lien entre leur travail et l’arrivée de la maladie. Il faudrait « multiplier le nombre de cancers reconnus par cinq, pour refléter le nombre réel de cas dans la société française ». Ainsi pour tous types de cancers confondus, l’âge moyen et médian des personnes touchées est de 68 ans au moment de la reconnaissance de la maladie, donc majoritairement des retraités.
L’amiante principale cause
La pathologie la plus représentée reste celle liée à l’amiante, interdite partout en France aujourd’hui, et dont la proportion de cancers du poumon dus au travail est la plus forte (57 %). On recense beaucoup de cancers de la plèvre ainsi que de la vessie, des cancers naso-sinusiens ou encore des leucémies. Amiante, goudrons, bitumes, asphaltes, poussières de bois : ces agents d’exposition agissent principalement sur des hommes, à savoir des ouvriers, catégorie socio-professionnelles la plus touchée avec par ordre décroissant : les secteurs de la métallurgie, du BTP (Bâtiment et travaux public), de l’industrie chimique et du secteur du bois. « Dans 90 % des cas, les salariés atteints de cancers d’origine professionnelle ont été exposé au risque pendant plus de dix ans ».
Des actions de prévention de l’exposition professionnelle
L’Assurance maladie française a lancé plusieurs programmes de prévention faisant de la « suppression ou la réduction des expositions à certains agents cancérigènes, une priorité ». Les deux programmes « Cancérigène, mutagène ou toxique pour la reproduction 2014-2017 » ainsi que « Risques chimiques Pro 2018-2022 » sont mis en place pour accompagner les entreprises (outil d’évaluation concrets comme le Seirich, dispositifs de formation, fiches d’aide au repérage et d’aide à la substitution des cancérigènes, aides financières…), assurer aussi une veille continue pour améliorer la connaissance des expositions et parfaire les mesures de prévention. Les salariés malades ne sont pas laissés de côté également puisque des mesures ont été prévues telles que le renforcement du suivi, du dépistage, leur accompagnement pendant et même après le traitement, avec notamment une réflexion et des actions profondes sur l’amélioration du retour à l’emploi dans les cas de guérison.