Parmi vingt-neuf pays européens, la France est l’un de ceux où les chances de survivre à un cancer sont les plus élevées, révèle l’étude Eurocare-5, publiée le 5 décembre dans la revue médicale britannique The Lancet Oncology. Les chercheurs ont comparé les taux de survie à cinq ans de 9 millions d’adultes et de plus de 60 000 enfants atteints d’un cancer entre 2000 et 2007. Cet indicateur de l’efficacité des systèmes de santé permet d’évaluer la qualité de la prise en charge des malades et reflète les progrès accomplis. Ce sont les avancées en matière de diagnostic et de traitement, la généralisation des dépistages (cancer du sein, de la prostate, du côlon), l’usage de nouvelles molécules et la prise en charge multidisciplinaire qui expliquent ce résultat.
La France, dont les taux de survie se situent au-dessus de la moyenne européenne pour les cancers les plus fréquents, fait partie des pays qui tirent largement leur épingle du jeu, comme les pays nordiques, l’Autriche, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, le Portugal et l’Espagne. Le taux de survie à cinq ans au cancer du sein en France est par exemple estimé à 86,1 %, contre 81,8 % pour la moyenne européenne. Pour le cancer de la prostate, le taux est de 88,9 %, contre 83,4 % en Europe. Quant au cancer du poumon, le taux est de 13,8 %, contre 13 % en moyenne en Europe.
Des innovations menacées faute de moyens
A propos du cancer du sein, Jérôme Viguier, responsable du pôle santé publique et soins de l’Institut national du cancer (Inca), interrogé par Le Figaro, explique que « les bonnes performances du système français, qui atteint la deuxième position du classement pour ce type de tumeur, confirment notamment l’utilité de la généralisation en 2004 du dépistage organisé ». Concernant le lymphome non hodgkinien – cancer du système immunitaire –, pour lequel la France occupe également la deuxième place, les bons résultats s’expliquent par l’usage facilité de nouvelles molécules. « Les autorités et le système de Sécurité sociale favorisent l’accès aux arsenaux thérapeutiques efficaces, sans que la question du coût apparaisse comme une restriction forte, contrairement à d’autres pays », souligne le responsable.
Pourtant, dans une interview accordée au site Pourquoi-docteur.nouvelobs.com, le professeur Josy Reiffers, hématologue, directeur général de l’Institut Bergonié à Bordeaux et président d’Unicancer, fédération des vingt centres de lutte contre le cancer répartis en France, s’inquiète : « La France pourrait ne pas tenir longtemps son standing. Aujourd’hui, on a une grosse difficulté budgétaire dans la prise en charge du cancer. » Les centres de lutte subissent en effet des restrictions budgétaires. Le professeur regrette la réticence à financer l’accès des malades à l’innovation, aux nouveaux outils de diagnostic et aux traitements.
Les taux de survie progressent aussi en Europe
De façon générale, le taux de survie des malades du cancer continue à s’améliorer en Europe, même s’il existe de grandes disparités entre les pays, rapporte l’AFP. Un tiers des quarante-six cancers observés avaient un taux de survie à cinq ans de plus de 80 % en 2007, en tête desquels les tumeurs des testicules (88 %), de la bouche (88 %), de la thyroïde (86 %) et de la prostate (83 %). Le taux de survie à cinq ans se révèle en revanche inférieur à 25 % pour les cancers du pancréas, de la plèvre, du foie, de l’œsophage, des poumons et du cerveau.
Selon les données reprises par Santelog.com, les plus fortes augmentations de taux de survie concernent le cancer de la prostate (81,7 % pour la période 2005-2007, contre 73,4 % pour 1999-2001), le lymphome non hodgkinien (60,4 % pour 2005-2007, contre 53,8 % pour 1999-2001) et le cancer colorectal (57,6 % pour 2005-2007, contre 52,1 % pour 1999-2001).