Qu’appelle-t-on aliments ultra-transformés (AUT) ? Derrière ce terme pas forcément appétissant, on recense tout ce qui est aux antipodes des aliments bio ou bruts, et on les retrouve en grand nombre dans le chariot du consommateur français moyen. A l’opposé des aliments frais ou peu transformés, des ingrédients culinaires transformés ou encore des aliments transformés dits processed food comme les conserves, les pains ou les fromages, les produits ultra-transformés ou ultraprocessed food les plus usités sont les sodas, les desserts lactés, les plats préparés, les alcools suivis d’une distillation, les céréales du petit-déjeuner, les produits minceur, les gâteaux, les pâtisseries… En fait, tout ce qui a été tellement modifié que l’on ne peut plus reconnaître la forme originelle du produit. Les AUT comportent aussi des additifs, des conservateurs ou des composants « néoformés », aux noms souvent difficilement compréhensibles lorsque l’on essaie de décrypter les étiquettes (comme l’acrymalide, qui est par ailleurs très réglementé au niveau européen).
Les partisans du bio et des préparations maison, comme les nutritionnistes, ont fait du « trop sucré, trop gras, trop salé » leur cheval de bataille depuis des années. Parmi eux, on trouve le chercheur en nutrition Antoine Fardet, également auteur d’un ouvrage justement nommé Halte aux aliments transformés, mangeons vrai !, dans lequel il livre ses recommandations nutritionnelles.
Des produits de plus en plus consommés
En liant pour la première fois le risque de cancer avec cette forme d’alimentation, l’étude menée par l’Inserm, l’Inra et Paris XIII sur une période de huit ans légitime de nouveau le combat contre la malbouffe et ne le place plus seulement sur le terrain des maladies chroniques et de l’obésité. Certes, il s’agit d’une étude prospective d’observation, et les chercheurs précisent que « le lien de cause à effet reste à démontrer et que cela mérite une exploration plus poussée ». L’industrie agroalimentaire a d’ailleurs réagi en relativisant les résultats. Pourtant, la consommation d’aliments ultra-transformés aurait bien un lien avec les maladies cancéreuses. Ainsi, selon les chiffres de l’étude, on constate que ceux qui ont augmenté de 10 % leur consommation d’AUT ont vu leur risque de développer une tumeur accroître de 12 % par rapport au risque global du cancer. « Les graisses et sauce ultra-transformées et les produits et boissons sucrées sont associés à un risque accru de cancer globalement, et les produits sucrés sont associés à un risque de cancer du sein », observent les auteurs de l’étude. Et cela ne risque pas de changer si l’on se réfère à une récente étude sur l’évolution de notre alimentation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses). Elle précise en effet que les produits ultra-transformés, faciles et rapides à consommer, représentent entre 25 et 50 % de notre alimentation.