Au-delà de la fièvre et des courbatures qui vous clouent au lit, la grippe est aussi très contagieuse. Cette maladie infectieuse des voies respiratoires supérieures est provoquée par un virus dont il existe plusieurs types et variants. Les variations, qui surviennent avec une fréquence élevée, peuvent modifier la réceptivité des populations animales ou humaines et favoriser leur diffusion et la survenue d’épidémies. Actuellement, seul le vaccin saisonnier permet de l’éviter.
Quand doit-on se faire vacciner ?
« Il faut compter dix à quinze jours avant que le vaccin soit protecteur, explique le professeur Jean Beytout, chef du service des maladies infectieuses et tropicales du centre hospitalier universitaire (CHU) de Clermont-Ferrand. Il est nécessaire d’anticiper l’épidémie, qui survient le plus souvent après décembre : le mieux est de se faire vacciner dès que le vaccin est disponible, c’est-à-dire dès octobre. » Mais même si l’épidémie a commencé, il est encore temps de se faire vacciner.
Faut-il le faire chaque année ?
« Oui, répond le professeur, pour deux raisons : d’une part, la persistance des anticorps est limitée dans le temps – de six à huit ou neuf mois chez les personnes âgées, davantage chez les sujets plus jeunes – ; d’autre part, le vaccin est susceptible d’être modifié d’une année sur l’autre pour s’adapter. »
Pourquoi ce vaccin n’est-il jamais le même d’une année sur l’autre ?
« Sa composition est définie depuis février 2015, précise le professeur Beytout. Tous les ans, les experts repèrent l’apparition de nouveaux variants (souvent isolés en Asie du Sud-Est) et leur potentiel de diffusion ; l’Organisation mondiale de la santé (OMS) établit le “cocktail” de trois souches des types A (H1N1), A (H3N2) et B qui paraissent avoir le plus de chance d’émerger lors de l’épidémie de l’hiver suivant : c’est un peu une course-poursuite. »
Quelle est son efficacité ?
« Il y a malheureusement une marge d’erreur. Au cours de l’hiver 2014-2015, par exemple, la souche A (H3N2) s’est modifiée de façon imprévue et les antigènes vaccinants n’étaient pas en phase, ne permettant pas aux personnes vaccinées de produire les anticorps appropriés pour être protégées », déclare le professeur, qui précise que l’efficacité vaccinale est d’environ 70 % pour les immunocompétents (c’est-à-dire les jeunes en bonne santé) et qu’elle n’est que d’environ 50 % chez les plus âgés. L’Institut de veille sanitaire (INVS) estime que la vaccination permet, en l’état de la couverture vaccinale actuelle, d’éviter 2 000 décès par an chez les 65 ans et plus*.
La vaccination protège-t-elle contre toutes les formes de grippe ?
« Elle ne concerne que les virus grippaux impliqués dans la grippe saisonnière humaine, indique le spécialiste. Les virus des grippes aviaires sont donc exclus. »
Est-on aussi protégé contre le rhume ?
« Non, assure-t-il. La vaccination ne concerne pas les autres virus respiratoires. »
Qui doit se faire vacciner ?
La vaccination est recommandée par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) aux seniors de 65 ans et plus, aux personnes atteintes de certaines maladies chroniques (diabète, insuffisance respiratoire, cardiaque ou rénale), aux femmes enceintes, aux personnes obèses ou à celles qui séjournent dans un établissement de soins, aux professionnels de santé, au personnel navigant et à quiconque est en contact avec des nourrissons de moins de 6 mois.
Le vaccin est-il remboursé par l’Assurance maladie ?
Les assurés concernés par ces recommandations reçoivent normalement un courrier d’invitation accompagné d’un imprimé de prise en charge à 100 %.
Qui peut vacciner ?
Pour une première fois, rendez-vous chez votre médecin traitant. Pour les années suivantes, sachez que les infirmiers sont aussi autorisés à vacciner.
Est-ce que le vaccin ne risque pas de me rendre malade ?
Les vaccins grippaux injectables sont préparés à partir de virus cultivés sur œufs de poule embryonnés. Les virus récoltés sont traités : fragmentés, purifiés pour obtenir des glyco-protéines antigéniques et concentrés pour atteindre la dose immunisante définie. Ce sont des vaccins inactivés ne contenant que des fragments viraux : ils ne peuvent donc pas entraîner une grippe. Les données de pharmacovigilance montrent qu’ils sont bien tolérés, en dehors des réactions attendues transitoires (douleur au point d’injection, épisode fébrile, par exemple).