L’incidence du syndrome du bébé secoué (SBS) en région parisienne est restée stable en 2020 puis a doublé en 2021 et sa mortalité a été multipliée par neuf par rapport à la période 2017-2019 : c’est ce que révèle une étude de l’hôpital Necker enfants malades, de l’université Paris Cité et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), publiée dans le Jama Network Open.
En 2021, 2 fois plus de syndromes de bébés secoués ont été répertoriés en île de France. Parmi les hypothèses, l'augmentation de la détresse psychosociale liée au #COVID19 et la réduction des programmes de prévention/détection précoce de la maltraitancehttps://t.co/w7egMaWV6j pic.twitter.com/TAoEqBobz2
— Inserm (@Inserm) August 31, 2022
Une maltraitance grave
Le SBS désigne un traumatisme crânien non accidentel, qui survient lorsque l’on secoue violemment un bébé ou un jeune enfant. Cette maltraitance provoque des lésions au niveau du cerveau qui engendrent des troubles handicapants (épilepsie, déficiences motrices et visuelles, troubles du langage, déficience intellectuelle et anomalies du comportement) voire le décès. Sur les 99 nourrissons inclus dans l’étude, 87 % avaient une rupture des veines ponts (reliant le cerveau à la paroi interne du crâne, la dure-mère), 75 % des hémorragies rétiniennes, 32 % des fractures, 26 % un état « de mal épileptique », et 13 % sont décédés.
En cause : une accumulation de la détresse
Au début de l’épidémie de Covid-19, la communauté scientifique, médicale et sociale avait exprimé son inquiétude face au risque « d’explosion » de la négligence ou de la maltraitance envers les enfants. La détresse psychosociale, le confinement dans de petits logements collectifs, les fermetures d’écoles et de crèches et la désorganisation des services sociaux constituaient autant de facteurs de risques. Pourtant cette explosion n’a pas eu lieu durant la première année mais dans la seconde année de la pandémie. Les équipes de recherche expliquent que cela pourrait être lié à « une accumulation de la détresse psychosociale ». Les restrictions peuvent en effet avoir eu un retentissement psychologique sur les adultes qui ont commis ces actes. « D’autres hypothèses concernant le rôle d’une réduction des programmes de prévention et de détection précoce de la maltraitance et de la négligence envers les enfants durant la pandémie sont plus hasardeuses compte tenu de leurs effets potentiels à long terme », indique l’Inserm.
Adopter les bons réflexes
Le plus souvent, le SBS se produit lorsque la personne qui s’occupe de l’enfant est exaspérée par ses pleurs. Un bébé en bonne santé en effet peut pleurer 2 à 3 heures par jour pour diverses raisons : faim, couche humide, position inconfortable, besoin d’un câlin, ennui, fatigue, etc. Il est donc important de décrypter ses besoins, de garder son calme et de se faire aider dans les moments difficiles. Pour apaiser un nourrisson qui a priori pleure sans raison, les spécialistes de la petite enfance conseillent de le prendre dans les bras, de lui frotter doucement le ventre, d’éteindre les lumières et de maintenir un environnement calme, de chanter ou d’écouter une musique douce, de le promener, de le bercer, ou encore de lui donner un bain. Si cela ne suffit pas ou si vous êtes exaspéré, couchez votre bébé en sécurité sur le dos dans son lit, quittez la chambre pour quelques minutes, fermez la porte et détendez-vous. Vous pouvez aussi solliciter un proche pour vous aider ou simplement pour discuter. Des numéros dédiés, comme le 119 Enfance en danger (gratuit, 24 heures sur 24) ou le 08 00 00 34 56 Allô parents bébé (gratuit, du lundi au vendredi de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures), peuvent également vous accompagner.