Ala fin de l’année 2016, le groupe d’entraide mutuelle (GEM) Oxygène de Redon a fêté ses 10 ans. Pour marquer cet anniversaire, ses adhérents se sont lancés dans la rédaction d’un ouvrage, intitulé A livre ouvert, qui retrace l’histoire de la structure et de ses usagers. Le résultat est le fruit d’un travail collectif, accompagné par Singuliers collectifs*, une structure qui « valorise les organisations via les récits de celles et ceux qui les font vivre ». Ce livre compile une douzaine d’entretiens individuels, des extraits d’échanges captés lors de tables rondes, des témoignages spontanés, mais aussi des photographies, témoignages visuels de la vie du GEM. Il donne la parole aux adhérents, à leurs proches, aux animateurs et aux professionnels de santé.
Construire un lieu de vie
Tout commence en décembre 2006, lorsque le GEM ouvre ses portes. Créés sous l’impulsion d’associations de familles et d’usagers de la psychiatrie, les groupes d’entraide mutuelle permettent aux personnes souffrant de troubles psychiques de rompre leur isolement, de s’entraider et de reprendre une place dans la cité. A Redon, il est abrité dans les locaux du centre social, géré par l’association Con-currence, qui recrute une animatrice dédiée. Petit à petit, des personnes envoyées par le centre médico-psychologique poussent les portes. De nombreux ateliers sont mis en place avec l’aide des animateurs : marche, menuiserie, musique, informatique, cuisine, lecture… Chacun apporte ses connaissances et les partage avec les autres. Les adhérents organisent une sortie chaque mois, ainsi que des séjours de vacances. En 2008, le GEM change de statut et devient l’association Oxygène, « un outil pour et par les adhérents », précise Céline, l’animatrice. Ces derniers s’investissent et prennent des responsabilités au sein du conseil d’administration ou du bureau. Mais si l’expérience est enrichissante, il n’est pas facile de s’engager quand on est fragile.
Reprendre confiance en soi
Au-delà du lieu de rencontre, le GEM devient progressivement militant. Jean-Yves, l’un des adhérents, explique que son but est de « démysti-fier la maladie mentale aux yeux des personnes valides et [de] faire accepter […] les personnes atteintes de troubles psychiques en tant que citoyens à part entière ». La localisation du groupe, en coeur de ville, participe à cet objectif. Même si « ça a été une vraie lutte d’essayer d’implanter le GEM dans le centre-ville et dans un endroit où il y avait toutes les commodités et d’autres associations, a- n que les adhérents soient totalement intégrés à la société redonnaise », concède Mme Le Goff, psychologue, qui suit l’évolution du GEM depuis sa création. Sa consoeur, Mme Guihard, con-firme l’importance de ce type de structure : « J’ai eu beaucoup de retours de patients sur le GEM, qui leur permettait de passer une étape avant de pouvoir vivre seuls et d’avoir eux-mêmes un réseau amical et social ». Les personnes en fragilité psychologique – c’est sous cette appellation que se reconnaissent les adhérents – se retrouvent en effet désemparées à leur sortie de l’hôpital. Oxygène leur permet de reprendre con-fiance, « de ne pas se morfondre sur leurs problèmes, de garder du lien social », ajoute Catherine, une adhérente, lors d’une table ronde.