Le cancer pourrait bien devenir la première cause de mortalité dans le monde d’ici « quelques décennies » révèlent deux enquêtes publiées le 3 septembre dans la revue scientifique The Lancet. C’est déjà le cas dans les pays riches, où les cancers viennent de dépasser les maladies cardiovaculaires, indiquent les chercheurs. Pour parvenir à ces résultats, ils ont suivi 160 000 adultes pendant dix ans, entre 2005 et 2016, dans vingt et un pays : quatre à revenus élevés (Suède, Arabie saoudite, Canada, Emirats arabes unis), douze à revenus moyens (Argentine, Brésil, Chili, Chine, Colombie, Iran, Malaisie, Palestine, Philippines, Pologne, Afrique du Sud, Turquie) et cinq à revenus faibles (Zimbabwe, Tanzanie, Pakistan, Bangladesh, Inde). Deuxième cause de mortalité sur la planète, le cancer représente 26 % de la totalité des décès en 2017 (40 % pour les maladies cardiaques), soit environ 17,7 millions. Il a cependant gagné du terrain dans les pays les plus riches, où il tue désormais davantage de personnes que les maladies cardiovasculaires. « Le monde assiste à une nouvelle transition épidémiologique […], les maladies cardiovasculaires n’étant plus la principale cause de décès dans les pays à revenus élevé », explique à l’AFP Gilles Deganais, coauteur des deux études et professeur émérite à l’université Laval au Québec.
Impact élevé des maladies cardiovasculaires dans les pays pauvres
Les chercheurs soulignent aussi l’impact très élevé des maladies cardiovasculaires dans les pays à revenus inférieurs. Les populations ont en effet 2,5 fois plus de risque de mourir d’une maladie cardiaque que celles de pays riches. Le second volet de l’étude précise en outre que, dans les vingt et un pays étudiés, 70 % des cas de maladies cardiovasculaires sont dus à des « facteurs de risque modifiables » parmi lesquels le cholestérol, l’obésité et l’alimentation. Dans les pays pauvres, la pollution de l’air intérieur et le faible niveau d’éducation s’ajoutent à ces facteurs précise l’étude.
Pour les scientifiques, les pays à revenus faibles et moyens devraient investir davantage « dans la prévention et la gestion des maladies transmissibles, y compris les maladies cardiovasculaires, plutôt que de se concentrer sur les maladies infectieuses », conclut Salim Yusuf auprès de l’AFP, coauteur de l’étude et professeur de médecine à l’université McMaster au Canada.