Dans une nouvelle étude publiée le 13 janvier dans la revue Science, des chercheurs de l’université de Harvard (États-Unis) ont mis en lumière ce que beaucoup de scientifiques suspectaient déjà : la sclérose en plaques, qui touche chaque année en France 2 500 nouveaux patients, est très probablement provoquée par le virus d’Epstein-Barr (EBV), qui se transmet par la salive. Responsable de la mononucléose, ce virus, somme toute assez banal puisque la majeure partie de la population adulte en est porteuse, serait en effet un facteur nécessaire à l’apparition de la SEP. La sclérose en plaques est une maladie auto-immune du système nerveux central (le cerveau et la moelle épinière). Autrement dit le système de défense (système immunitaire), habituellement impliqué dans la lutte contre les virus et les bactéries, s’emballe et attaque la myéline, gaine protectrice des fibres nerveuses qui joue un rôle important dans la propagation l’influx nerveux du cerveau aux différentes parties du corps. La destruction de la myéline provoque alors des « plaques » disséminées dans le cerveau et la moelle épinière. Deuxième cause de handicap chez l’adulte jeune, cette affection se manifeste par divers symptômes (faiblesse musculaire, fourmillements dans les bras ou les jambes, troubles de la vue, etc.).
Une étude de grande envergure
C’est en analysant sur vingt ans les données de près de 10 millions de jeunes adultes engagés dans l’armée américaine, que les chercheurs ont pu prouver de façon quasi certaine le lien de causalité entre la présence de l’EBV et le déclenchement de cette maladie neurodégénérative. Si heureusement, tous les porteurs de ce virus — soit 90 à 95 % de la population adulte — ne développent pas une SEP, on s’est aperçu, en revanche, que sur près de 1 000 personnes ayant la SEP, tous ont contracté l’EBV, ce qui veut dire que le EBV est un facteur nécessaire à l’apparition de la sclérose en plaques. Les résultats de l’étude montrent que le risque de SEP a été multiplié par 32 après une infection par l’EBV.
Un vaccin contre le virus de la sclérose en plaques ? "La crise covid a permis de développer des axes de recherche tout à fait nouveaux" https://t.co/GOZ461MCoa
— RTBF info (@RTBFinfo) January 15, 2022
L’espoir d’un futur remède
Si l’EBV est nécessaire au déclenchement de la SEP, cette pathologie est également soumise, pour se développer, à d’autres facteurs génétiques ou environnementaux. Le manque d’ensoleillement, et donc de vitamine D, est par exemple testé dans d’autres travaux en cours.
Cette découverte plante surtout un jalon dans le champ de la recherche médicale. En démontrant le rôle d’une infection par l’EBV dans l’apparition d’une SEP, elle apporte l’espoir d’un traitement possible de la maladie. Un vaccin contre l’EBV, notamment, pourrait permettre de faire reculer, voire de faire disparaître un jour la sclérose en plaques. L’entreprise américaine Moderna a d’ailleurs démarré les essais cliniques sur des humains d’un vaccin contre le virus d’Epstein-Barr.