La santé des adolescents scolarisés en classe de troisième s’améliore, même si les inégalités sociales persistent : tel est le résultat d’une étude publiée le 3 février par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), d’après les enquêtes nationales menées en milieu scolaire en 2004 et 2009. Les auteurs établissent un bilan contrasté, mais plutôt positif de l’évolution des indicateurs de santé dans cette population : surpoids et obésité, santé bucco-dentaire, habitudes de vie, vaccination, troubles de la vision.
Le nombre d’enfants obèses n’augmente plus
En 2009, 18 % des élèves observés étaient en surcharge pondérale, dont 4 % en situation d’obésité. Bonne nouvelle : ces chiffres ont peu évolué depuis 2004 et confirment que le nombre d’ados touchés par la surcharge pondérale et l’obésité n’augmente plus, comme ce fut le cas au début des années 2000. Les campagnes de prévention de l’obésité menées dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS) expliqueraient en partie ces résultats. Cependant, des différences nettes apparaissent en fonction de l’origine sociale : 23 % des collégiens scolarisés en zone d’éducation prioritaire (ZEP) sont en surcharge pondérale, contre 17 % des élèves de collèges hors ZEP, et 22 % des adolescents dont l’un des parents est ouvrier sont en surpoids, contre 12 % des enfants de cadres. « Ces disparités ne sont pas uniquement liées à des différences économiques. Ainsi, le rapport à la prévention et aux recommandations nutritionnelles dépend du milieu social dans lequel l’enfant grandit », indiquent les auteurs.
Les enfants des cadres sont mieux suivis que ceux des ouvriers
Autre tendance favorable : en matière de santé bucco-dentaire, la part des adolescents indemnes de carie passe de 52 à 56 % entre 2004 et 2009. Mais à nouveau, lorsque l’on compare les résultats selon le milieu social, les écarts se creusent. L’étude montre que 58 % des adolescents dont l’un des parents est ouvrier ont au moins une dent cariée, contre 34 % des enfants de cadres. Et les caries sont soignées dans 88 % des cas dans les familles de cadres, contre 66 % chez les ouvriers. Ces inégalités se retrouvent également dans le traitement des troubles de la vision : « En raison d’un défaut de dépistage et de prise en charge, les enfants d’ouvriers portent moins souvent des lunettes ou des lentilles (22 %, contre 33 %), leur myopie étant plus tardivement diagnostiquée », précise le rapport.
La situation vis-à-vis des vaccins est contrastée
Concernant la vaccination de l’hépatite B (une dose), la proportion de collégiens vaccinés est plus élevée dans les établissements relevant de l’éducation prioritaire (ZEP), avec un taux de 49 %, que dans les autres, avec 42 %. Les réticences toujours importantes contre ce vaccin seraient donc moins marquées dans les milieux sociaux à faibles revenus. La vaccination des jeunes filles contre le papillomavirus humain HPV (trois doses) est moins fréquente dans les collèges de ZEP (12 %, contre 16 %). Recommandé à l’âge de 14 ans en 2007 – avant le nouvel avis, rendu en 2013, du Haut Conseil de la santé publique pour une vaccination entre 11 et 14 ans –, ce vaccin est pris en charge par la Sécurité sociale depuis fin 2008, mais la couverture reste encore faible, notamment la troisième dose, qui pouvait ne pas encore avoir été faite au moment de l’enquête. Enfin, au-delà des inégalités sociales, on observe une forte progression de la couverture vaccinale contre la rougeole (deux doses), passée de 66 % en 2004 à 84 % en 2009.
En conclusion de son rapport, la Drees recommande au gouvernement de mener des actions de prévention ciblées sur les adolescents issus des milieux les plus défavorisés.