Cent cinq : c’est le nombre de spécialités pharmaceutiques que la revue Prescrire « conseille d’écarter pour mieux soigner » dans son édition du mois de décembre 2019. Cette liste est actualisée chaque année et, cette fois-ci, ce sont douze médicaments qui ont été ajoutés « car les effets indésirables auxquels ils exposent sont disproportionnés par rapport à leur faible efficacité ou à la bénignité de la situation clinique dans laquelle ils sont autorisés ».
Des risques trop importants
Parmi les produits incriminés, figurent ceux à base de Ginkgo biloba qui sont utilisés dans le traitement des troubles cognitifs chez les patients âgés. « Il n’a pas d’efficacité démontrée au-delà de celle d’un placebo, mais expose les patients à des hémorragies, des troubles digestifs ou cutanés, des convulsions et des réactions d’hypersensibilité », indique le mensuel indépendant. Les sirops contre la toux, à base de pentoxyvérine, sont aussi épinglés car ils peuvent provoquer « des troubles cardiaques » et « des réactions allergiques graves ». Les argiles médicamenteuses utilisées dans divers troubles intestinaux dont les diarrhées sont également fortement déconseillées en raison de la présence de plomb. « Le plomb a des effets toxiques neurologiques, hématologiques, rénaux et cardiovasculaires, et des effets reprotoxiques, dont la plupart augmentent avec la dose d’exposition », précise Prescrire avant d’ajouter : « Dans les diarrhées, les argiles modifient l’aspect des selles sans agir sur les pertes liquidiennes et le risque de déshydratation. »
Alerter les patients, les professionnels de santé et les pouvoirs publics
Ces évaluations reposent « sur une procédure rigoureuse : recherche documentaire méthodique et reproductible, résultats basés sur des critères d’efficacité pertinents pour les patients, hiérarchisation des données selon leur niveau de preuves, comparaison versus traitement de référence (quand il existe), prise en compte des effets indésirables avec la part d’inconnu ». Grâce à elle, la revue veut attirer l’attention des patients sur la balance bénéfices-risques insuffisante de ces médicaments dont certains sont en vente libre dans les pharmacies. Elle compte aussi influer sur les prescripteurs, et notamment sur les médecins, pour qu’ils proposent d’autres options jugées plus bénéfiques pour les malades. Enfin, elle incite les autorités de santé à agir, comme ce fut le cas pour la méphénésine - qui réduit la tonicité musculaire - inscrite sur la liste noire en 2019 et dont la commercialisation a été finalement arrêtée par l’Agence française du médicament (ANSM) au cours de l’année.