Comment définiriez-vous l’ostéopathie ?
L’ostéopathie est une méthode de soins des douleurs qui restreignent la mobilité du corps. Les causes de ces « blocages » peuvent être multiples : pathologiques, traumatiques ou psychologiques. Cette spécialité traite des tensions dans les articulations, les muscles et les tissus qui se trouvent autour (des douleurs intra-articulaires) et permet au corps de retrouver l’ensemble de sa mobilité. Elle repose sur différentes techniques de massage, d’étirement, de mobilisation, d’appui, toutes réalisées avec les mains. Dans le corps, tout bouge, à l’intérieur comme à l’extérieur : les articulations et les os du squelette, mais également les tissus (muscles, tendons, peau, viscères). Une douleur ressentie à un endroit donné peut avoir pour origine une autre partie du corps car celui-ci compense, s’adapte. Une sensation douloureuse à l’épaule peut provenir d’une intervention chirurgicale sur le cœur par exemple. C’est la raison pour laquelle, tout commence par un diagnostic complet.
En quoi consiste-t-il ?
Lors de la première consultation, le professionnel doit déterminer si la douleur du patient relève de sa compétence ou si elle doit faire l’objet d’une consultation par le corps médical. Lorsque la personne présente une lombalgie et se plaint d’une douleur aiguë, il peut autant s’agir d’une tension dans les articulations – pour laquelle l’ostéopathe peut intervenir – que d’un problème d’ostéoporose, qui n’est pas de son ressort. Le thérapeute va alors établir un bilan par le toucher : en passant les doigts sur la peau il sent les blocages et les tensions accumulés du patient. Puis vient le bilan visuel statique et dynamique : il examine la position des différentes parties du corps en mouvement et immobile.
Discutez-vous avec les patients pour mieux comprendre leurs maux ?
Oui la parole du patient est un élément important du diagnostic. Quels sont ses antécédents médicaux ? Quel métier exerce-t-il ? L’examen lui-même donne aussi l’occasion de se remémorer des événements oubliés, refoulés tels que des chutes anciennes, des expériences traumatisantes… Les expressions populaires telles que « je serre les dents », « j’en ai plein le dos », « j’ai la boule au ventre » sont des indicateurs précieux sur l’état du patient et sur son ressenti. Pour une personne qui présente un trouble psychotraumatique, la prise en charge est souvent toute autre. Le diagnostic doit se faire rapidement, discrètement afin que le patient ne se sente pas « étudier ». La parole peut ne pas être facile et le professionnel doit alors se satisfaire de ce qui est dit et faire en sorte que le corps se détende.
Comment l’ostéopathe intervient-il justement sur les traumatismes ?
Il n’intervient pas seul mais en équipe, notamment avec des médecins et des psychologues. Il s’agit là d’une spécialité. Le psychotraumatisme est une atteinte d’une extrême violence que le corps garde en mémoire. Il laisse des plaies visibles et invisibles. Les personnes, victimes ou témoins d’un attentat, d’une agression, d’actes de torture présentent un état de grande tension, même plusieurs années après l’événement. Elles ont eu lors de celui-ci des manifestations physiques comme le souffle coupé, des mouvements brusques de reculs, des crispations du thorax et du diaphragme ou un état de sidération. Le corps continue, ensuite, à fonctionner bon gré mal gré, avec des blocages et des pertes de mobilité. L’ostéopathie peut ainsi aider à retrouver une liberté de mouvement et apaiser les sensations douloureuses, même plusieurs années après l’événement. Pour le professionnel, il s’agit de trouver l’origine des « douleurs symptômes », les tensions cachées et les crispations pour parvenir à détendre le corps.
L’ostéopathie peut-elle soulager le stress du quotidien ?
Oui tout à fait. Le stress met en pression le corps, tend le thorax et ralentit le flux sanguin. Il provoque des douleurs sur les côtes, le thorax, des maux de tête, des crispations de la mâchoire… Il existe de nombreuses techniques et les pratiques peuvent varier d’un professionnel à l’autre. D’autres types de soins peuvent aussi être associés à l’ostéopathie comme le travail sur les points d’acupuncture pour obtenir la détente du corps.
Existe-t-il d’autres spécialités ?
Oui bien d’autres. J’ai moi-même pour spécialité le traitement de l’asthme. Il convient d’agir notamment sur les nerfs en relation avec les poumons, sur les côtes pour lever les blocages. Les résultats sont visibles en particulier chez les jeunes patients. Il existe néanmoins des asthmes résistants.
L’ostéopathie comme prévention des maux, c’est possible ?
Bien sûr. Au sein des entreprises par exemple, des professionnels interviennent pour la prévention des douleurs liées au travail : station assise prolongée, gestes répétitifs, troubles musculo-squelettiques. Dans ce cadre, il s’agit d’un accompagnement préventif. Dans tous les cas, il est important d’être acteur de son bien-être et de compléter les séances d’ostéopathie avec une activité physique comme de la gymnastique douce ou la pratique du vélo.