L’immunisation collective : une piste abandonnée contre le Covid-19

, par  Isabelle Coston

Il a beaucoup été question d’immunité collective, autrement appelée immunisation grégaire ou de groupe, à l’émergence du coronavirus en Europe. Les Britanniques avaient, dans un premier temps, semblé privilégier cette option avant de faire machine arrière et de choisir le confinement, à l’instar de la Chine et des autres pays européens. L’immunité collective peut-elle faire néanmoins partie de la solution ?

Défendue au départ par le Royaume-Uni, la méthode de l’immunisation grégaire a depuis quelques semaines été reléguée au profit du confinement. Elle est fondée sur le postulat — celui de la vaccination — qu’à partir d’un certain nombre de personnes immunisées contre un virus, ce dernier ne peut plus se propager parmi la population. Malheureusement, trop d’inconnues subsistent concernant le Covid-19 et le tribut à payer, en termes de décès, risquerait d’être beaucoup trop élevé. Et ce, d’autant qu’il n’existe pas encore de traitement ni de vaccin pour enrayer l’actuelle pandémie. Les Pays-Bas, qui eux aussi avaient envisagé dans un premier temps de miser sur l’immunité collective, commencent à revoir leur position. Il ne reste plus que la Suède, en Europe, à préférer cette stratégie au confinement de ses habitants.

Un pari trop risqué

Attendre, en effet, que 60 % d’une population donnée aient contracté le virus pour parvenir à un seuil d’immunité collective suffisant pour arrêter la contamination, comme le préconisaient certains scientifiques, sous-entend qu’il faudrait laisser sans défenses, voire sacrifier, les personnes les plus vulnérables, ce qui pose un problème d’éthique. Ce choix est, en outre, qualifié de « dangereux » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les connaissances sur le Covid-19 étant pour l’instant parcellaires, rien ne certifie en effet que ce nouveau virus ne puisse pas infecter un même individu plusieurs fois. Des spécialistes chinois ont d’ailleurs constaté des cas de récidive d’infection au coronavirus chez des patients. De plus, « pour le Sras, coronavirus proche du Covid-19, des études ont montré que les anticorps pouvaient baisser au bout de deux ans, précise dans les colonnes de 20 Minutes, Mircea T. Sofonea, maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses à l’université de Montpellier. Ce qui veut dire que pour ce virus, l’immunité n’est pas garantie à vie. Attention, ce n’est pas pour autant transposable au Covid-19, qu’on découvre seulement depuis décembre. Personne ne peut vous dire si les personnes qui ont été contaminées auront une mémoire immunitaire persistante dans un an. Nous avançons dans le brouillard. »

Un risque accru pour les hôpitaux

Autre obstacle : le fait de laisser libre cours à la propagation du virus entraînerait un afflux massif de malades dans les hôpitaux, qui sont déjà au bord de la rupture. Devant ce risque qui menace de saturer d’ici à trois jours les services hospitaliers d’Île-de-France, Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a notamment lancé un appel d’urgence aux volontaires, mercredi 25 mars. L’immunité collective n’apparaît donc pas comme une piste défendable en France aujourd’hui. Citant les auteurs d’une étude de l’Imperial College de Londres sur les conséquences que pourrait avoir cette pandémie, le journal Les Echos rappelait dans son édition du 18 mars que cette méthode de l’immunité grégaire « n’empêcherait pas une augmentation des cas qui excéderait jusqu’à huit fois les capacités en lits d’hôpitaux et de réanimation, dans le scénario le plus optimiste ».

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