Selon la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS), les médicaments homéopathiques « n’ont pas démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d’un remboursement ». Cet avis très attendu, publié après des mois d’évaluation scientifique à la demande du ministère de la Santé, est sans appel. Pour y parvenir, la HAS a analysé plus de 1000 publications et étudié plus de 1 200 médicaments remboursables. Elle a pris en compte leur efficience, leurs effets indésirables, leur place dans la stratégie thérapeutique ainsi que la gravité des pathologies pour lesquelles ils sont consommés. Conclusion : non seulement les preuves de leur efficacité manquent, mais les maladies concernées ne sont pas vraiment graves et elles peuvent guérir spontanément. En outre, rappelons qu’en 2018 l’Assurance maladie a remboursé plus de 126 millions d’euros de médicaments homéopathiques. En Europe, la France demeure le seul pays, avec la Suisse, à les prendre partiellement en charge (à hauteur de 30%).
1 300 emplois seraient menacés
Si l’avis de la HAS est désormais connu, la décision finale revient toutefois à la ministre de la Santé qui a choisi, pour l’instant, de prendre le temps de la réflexion. Aujourd’hui, un Français sur dix utilise régulièrement l’homéopathie et son poids économique reste important. Les laboratoires homéopathiques on fait savoir qu’un tel déremboursement menaçait directement 1 300 emplois (1 000 chez le français Boiron et 300 chez les deux autres, le français Lehning et le suisse Weleda). Qu’importe, pour les anti-granules, l’avis de la commission est historique. Une véritable « victoire pour la science », même, pour le collectif de médecins FakeMed, qui encourage Agnès Buzyn à prendre « une décision claire et rapide ». « Continuer de rembourser l’homéopathie, c’est décrédibiliser les sociétés savantes, les Académies de médecine et de pharmacie ainsi que la HAS chargée de l’évaluation des médicaments en France », ajoutent-ils. Rappelons qu’en mars dernier, les deux académies avaient déjà réclamé le déremboursement de l’homéopathie.