L’efficacité du vaccin contre le papillomavirus une nouvelle fois démontrée

, par  Delphine Delarue

D’après une récente analyse internationale publiée dans The Lancet, la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV), pourtant très controversée en France, serait significativement efficace contre le développement des lésions précancéreuses du col de l’utérus.

Ces dernières années, les analyses se suivent et se ressemblent. En 2019, après des travaux écossais parus dans le British medical Journal en mars et une grande étude publiée en mai par le réseau d’experts indépendants Cochrane, une nouvelle analyse internationale, cette fois reprise dans The Lancet, vient de confirmer l’efficacité du vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) responsable du cancer du col de l’utérus. Très controversé en France, notamment grâce à l’activisme des anti-vax, ce vaccin diminuerait significativement les risques d’infections génitales et anales ainsi que le développement des lésions précancéreuses. Rappelons qu’il existe plus d’une centaine de souches de HPV et que seules quelques-unes sont problématiques. Le vaccin le plus récent, le Gardasil 9, protège contre neuf des souches les plus dangereuses, dont les 16 et 18, les plus agressives, responsables d’environ 70 % des cancers du col dans le monde.

Des résultats sans appel

Pour parvenir à leur conclusion, les chercheurs ont épluché une dizaine d’études et plus de 1 500 articles scientifiques qui concernent au total le suivi de 66 millions de personnes âgées de 13 à 29 ans, vivant dans des pays à revenu élevé où le vaccin est commercialisé depuis plusieurs années. Les résultats semblent sans appel : après 5 à 8 ans de vaccination, la prévalence des HPV 16 et 18 a diminué de 83 % chez les adolescentes de 13 à 19 ans et de 66 % chez les femmes de 20 à 24 ans. La prévalence des HPV 31, 33 et 45 a quant à elle chuté de 54 % chez les filles de 13-19 ans. Les diagnostics de verrues ano-génitales ont en outre baissé « de manière significative de 67 % chez les filles de 13 à 19 ans », de « 54 % chez les femmes âgées de 20 à 24 ans », et de « 31 % chez les 20-29 ans ». Enfin, après 5 à 9 ans de vaccination, les lésions précancéreuses ont diminué de 51 % chez les filles âgées de 15 à 19 ans et de 31 % chez les femmes de 20 à 24 ans.

Les positions officielles confirmées

Cette grande étude confirme les positions officielles : pour l’Institut national du cancer (Inca), « on dispose aujourd’hui de données solides en vie réelle démontrant l’efficacité des vaccins sur les lésions précancéreuses, la diminution des infections HPV et des condylomes (aussi appelées verrues génitales) en comparaison avec la situation pré-vaccinale ». En février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rappelé, à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, que la vaccination contre le papillomavirus humain est «  sûre et indispensable pour éliminer le cancer du col de l’utérus". L’OMS a d’ailleurs placé la lutte contre ce cancer, via le vaccin et le dépistage, comme l’une de ses priorités pour les cinq années à venir.

Si l’étude parue dans The Lancet ne revient pas sur la sécurité des vaccins anti-HPV, l’Inca précise qu’ils ont fait l’objet d’une « évaluation rigoureuse avant leur mise sur le marché ». Les suspicions liant la vaccination à des cas de maladies auto-immunes n’ont en outre pas été validées scientifiquement. « Seule une hausse du risque de syndrome de Guillain-Barré apparaît probable, mais elle est rare (de 1 à 2 cas pour 100 000 filles vaccinées), souligne l’institut. L’ANSM et l’Assurance maladie estiment ainsi que les bénéfices attendus de la vaccination sont plus importants que ses risques éventuels. »
Rappelons que le cancer du col utérin est le quatrième cancer le plus fréquent chez la femme. En 2018, 570 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués dans le monde et 310 000 femmes en meurent chaque année, essentiellement dans les pays à bas ou moyens revenus. En France, 50 organisations médicales (académie de médecine, de pharmacie, de chirurgie, Ligue nationale contre le cancer, sociétés savantes etc.) ont récemment lancé un appel pour que la vaccination contre le papillomavirus devienne universelle.

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