L’arthrose, une maladie rhumatismale fréquente

, par  Corinne Renou-Nativel

Si elle touche prématurément de grands sportifs, l’arthrose concerne principalement les plus de 50 ans. Des signes doivent alerter pour envisager des traitements et adapter son mode de vie.

L’arthrose est la maladie la plus fréquente en rhumatologie. Elle se caractérise par une dégradation des trois tissus qui constituent l’articulation : le cartilage, l’os en contact avec celui-ci et la membrane synoviale qui tapisse l’intérieur de l’articulation. « Parmi les pathologies humaines (y compris les cancers et les infections), elle figure dans les dix maladies les plus handicapantes », souligne le professeur Pascal Richette, président de la section arthrose de la Société française de rhumatologie et praticien à l’hôpital Lariboisière, à Paris, où il appartient à l’unité Inserm 1132, qui vise la mise au point de médicaments capables d’agir sur le cartilage.

Le vieillissement, premier facteur de risque

Cette maladie se traduit par des douleurs articulaires lors des mouvements, principalement localisées dans les mains, les genoux et les hanches. Le vieillissement est un facteur de risque, bien que l’arthrose puisse apparaître à n’importe quel âge. « Un footballeur professionnel qui pratique ce sport de façon intensive de 15 à 25 ans a souvent de l’arthrose à 30 ans, précise le professeur Richette. En dehors de ces situations extrêmes, c’est une maladie qui commence à devenir symptomatique, c’est-à-dire douloureuse, vers 50 ans, même si les lésions sont présentes depuis une dizaine d’années. »
En France, 6 % de la population souffre d’une arthrose symptomatique. « A partir de 50 ans, c’est environ 30 %, poursuit le rhumatologue. La proportion augmente avec l’âge et atteint 80 % de la population à 80 ans pour l’arthrose de la main, la plus fréquente. » A l’âge s’ajoutent le terrain familial et, autre facteur de risque important pour celle qui touche les mains et les genoux, la surcharge pondérale. Un poids trop important accroît en effet les contraintes sur les genoux, mais l’explication n’est pas que mécanique : « On sait que le sang du patient obèse contient en excès des éléments mauvais pour les cartilages, comme le diabète et le cholestérol », ce qui favorise une apparition plus précoce de l’arthorse.
Le traitement associe des médicaments tels que les antalgiques (paracétamol), les anti-inflammatoires non stéroïdiens (à utiliser avec prudence pour les patients atteints de diabète ou d’hypertension artérielle), les anti-arthrosiques d’action lente, ainsi que les infiltrations de cortisone (pour atténuer la douleur) et d’acide hyaluronique (pour lubrifier l’articulation). En complément, viennent les séances de kinésithérapie et les orthèses pour les mains, des attelles qui permettent de diminuer la douleur et de limiter les déformations. En cas d’échec de ces traitements, la pose d’une prothèse peut être envisagée. Il s’agit toutefois d’une intervention lourde et, si les résultats sont satisfaisants pour la hanche, ils laissent à désirer dans un cas sur deux pour le genou.

S’informer pour mieux prévenir

Chaque patient a un rôle de prévention essentiel dans l’évolution de sa maladie. Ainsi, en cas de surpoids, il est très important pour lui de maigrir : « En perdant 8 % de son poids, il constatera une diminution de ses douleurs et reprendra la marche si elle était devenue difficile », explique le professeur Richette. En dehors de la mise au repos dans les périodes de douleur aiguë, la pratique d’une activité physique est recommandée : le vélo, notamment, est excellent pour l’arthrose du genou ; on évitera en revanche les sports traumatisants pour les articulations (tennis, karaté, football, etc.). De même, les talons hauts sont fortement déconseillés.
Comme tous les patients souffrant de maladie chronique, les personnes touchées par l’arthrose ont intérêt à s’informer pour bien la connaître : « C’est important, en particulier pour la prévention articulaire, afin de ne pas traumatiser les articulations, poursuit le professeur Pascal Richette. Une consultation ne dure pas longtemps, les praticiens n’ont pas toujours le temps de diffuser tous les messages, et certains conseils peuvent être oubliés par le patient. Notre service de rhumatologie à l’hôpital Lariboisière a mis en ligne un site, Viggopetersen.fr, sur lequel le malade arthrosique pourra trouver de l’information sur sa pathologie. »

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