Si l’état de santé des Français continue de s’améliorer, cette progression ralentit. C’est ce que révèle la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) dans son dernier rapport sur la question .
Premier indicateur : l’espérance de vie, qui demeure plutôt élevée dans notre pays. Celle-ci atteint en effet 85 ans pour les femmes et 78,9 ans pour les hommes en 2015. « En dix ans, l’espérance de vie des femmes a progressé de 1,2 an et celle des hommes de 2,2 ans », notent les experts, précisant toutefois que cette amélioration était plus importante au cours des dix années précédentes (+ 1,9 an chez les femmes et + 2,9 ans chez les hommes entre 1995 et 2005). Un phénomène lié notamment à l’augmentation du nombre de personnes très âgées et fragiles, aux événements météorologiques extrêmes récents, comme les canicules, ou aux épidémies de grippe. « Cependant, il ne faut pas exclure des raisons plus structurelles à ce ralentissement […], comme la persistance, voire l’accroissement, de facteurs de risque de maladies chroniques (la consommation de tabac est lente à diminuer, l’obésité progresse chez les adultes) », poursuit le rapport.
Maladies cardiovasculaires et cancer : les deux premières causes de décès
En 2013, sur les 567 000 morts recensées en France métropolitaine, les cancers et les maladies cardiovasculaires sont les causes les plus fréquentes, avec respectivement 27,6 et 25,1 % des décès. Suivent les maladies de l’appareil respiratoire, qui représentent un décès sur quinze, et les morts violentes, comme les suicides ou les accidents, avec également un décès sur quinze. Ces quatre groupes rassemblent près de deux tiers des décès. Les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité chez les femmes, devant le cancer (à l’inverse des hommes).
Les experts soulignent en outre le poids particulièrement important de la mortalité prématurée (avant 65 ans) : celle-ci représente encore un décès sur cinq. Elle concerne surtout les hommes, puisqu’elle est deux fois plus élevée chez eux que chez les femmes. Le rapport constate aussi une évolution générale à la baisse de cette mortalité depuis quinze ans, en particulier celle qui est liée au tabagisme, à la consommation d’alcool ou encore à la conduite à risque.
Fréquence accrue des maladies chroniques
Sous l’effet conjugué du vieillissement de la population, de l’amélioration globale de la survie en cas de maladie chronique, mais aussi de l’amélioration des outils de diagnostic et de la persistance de certains facteurs de risque (sédentarité, surpoids, obésité…), le nombre de personnes concernées par une ou plusieurs maladies chroniques ne cesse de s’accroître. L’augmentation de la fréquence de ces pathologies concerne également les moins de 65 ans, les femmes en particulier.
Le rapport signale cependant une réduction notable de la mortalité pour la plupart de ces maladies : entre 1980 et 2012, la mortalité tous cancers a baissé de 1,5 % en moyenne par an chez les hommes et de 1,0 % chez les femmes. Même constat pour les maladies cardiovasculaires. Entre 2000 et 2013, le taux standardisé sur l’âge de mortalité par AVC a ainsi diminué de 37,1 %. Cette diminution est observée pour les deux sexes, chez les moins de 65 ans comme chez les 65 ans et plus.
Comportements à risques : les Français peuvent mieux faire
Malgré une baisse globale du tabagisme quotidien de 2 % entre 2002 et 2013, la consommation demeure encore trop importante (29,9 % des femmes et 38,8 % des hommes sont toujours fumeurs occasionnels ou quotidiens en 2014). Les chercheurs notent aussi une baisse régulière de la consommation d’alcool ces dernières années. Selon le Baromètre santé 2014, 18,5 % des 18-75 ans consomment régulièrement de l’alcool (au moins dix fois dans le mois au cours des douze derniers mois), et 10 % quotidiennement.
Du côté du surpoids et de l’obésité, si la prévalence continue d’augmenter depuis le début des années 80, elle le fait plus lentement. Actuellement, la moitié des adultes est en surpoids et un sur dix souffre d’obésité. Seuls 40 % des Français ont une consommation en fruits et légumes conforme aux recommandations et la moitié déclarent la pratique habituelle d’une activité physique.
Enfin, ce rapport a aussi été l’occasion pour la Drees de souligner la persistance des inégalités sociales de santé dans notre pays. « Les classes les plus favorisées économiquement et/ou les plus diplômées bénéficient d’un meilleur état de santé, d’une capacité d’appropriation des messages de prévention plus adéquate et d’un accès au système de santé, notamment de recours aux soins plus adapté », écrivent les auteurs.