L’addiction aux jeux vidéo reconnue par l’OMS

, par  Léa Vandeputte

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient d’intégrer l’addiction au jeux vidéo à sa classification internationale des maladies. Cette reconnaissance fait réagir les acteurs du secteur et certains scientifiques.

L’OMS a publié le 18 juin une mise à jour de la classification internationale des maladies. Cette liste, qui sert de référence à tous les médecins dans le monde, avait été actualisée pour la dernière fois en 1990. La version revue sera adoptée définitivement en mai 2019 et mise en œuvre le 1er janvier 2022. Parmi les nouveautés, l’organisation a inscrit l’addiction aux jeux vidéo dans la section consacrée aux troubles liés à des conduites addictives. La seule composante de cette catégorie était jusqu’alors l’addiction aux jeux d’argent.

Trois critères de diagnostic

Le jeu vidéo est pratique, ludique et très populaire – on compte environ 2,5 milliards de joueurs sur la planète –, mais tous ceux qui l’adoptent ne sont pas considérés comme « accros ». L’OMS définit le « gaming disorder » en trois points : « Le trouble du jeu vidéo, qu’il soit en ligne ou hors ligne, est caractérisé par un comportement persistant manifesté par 1) la perte de contrôle sur le jeu ; 2) la priorité croissante accordée au jeu par rapport aux autres centres d’intérêt ; 3) la poursuite ou l’escalade de la pratique malgré des conséquences négatives. » Ces symptômes doivent durer plus de douze mois de manière continue ou de manière épisodique et récurrente. Ils ont également des répercussions sur la vie sociale, professionnelle, scolaire ou familiale. Tous ces critères serviront désormais aux médecins pour poser leur diagnostic.

Une industrie « inquiète »

A l’annonce de l’OMS, l’industrie du jeu vidéo a fait part de son opposition. Dans un communiqué commun à plusieurs associations d’éditeurs, elle met en avant les « valeurs éducatives, thérapeutiques et récréatives » du jeu. « Nous encourageons l’OMS à ne pas prendre des mesures qui engendreraient des implications injustifiées de la part des systèmes de santé nationaux, à travers le monde », plaident les éditeurs. Pour appuyer leurs propos, ils reviennent sur le débat qui a agité une partie de la communauté médicale sur l’intérêt de qualifier la pratique problématique du jeu vidéo d’addiction en tant que telle. « Nous nous inquiétons de constater que le terme "trouble du jeu vidéo" est encore présent dans la dernière version de la CIM-11 de l’OMS, et ce, malgré une forte opposition de la part des communautés médicales et scientifiques, estiment-ils. Les raisons de cette inclusion sont toujours grandement contestées et peu concluantes. Nous espérons que l’OMS voudra bien reconsidérer les preuves grandissantes qui lui sont présentées avant de soumettre l’intégration du "trouble du jeu vidéo" dans la version finale de la CIM-11 qui doit être validée l’année prochaine. »

La communauté scientifique divisée

En décembre 2016, déjà, des chercheurs avaient publié une lettre ouverte pour demander à l’OMS de ne pas ajouter l’addiction aux jeux vidéo à sa classification. Ils estimaient qu’il n’existait pas de consensus scientifique sur le sujet et qu’il était notamment très compliqué d’isoler un trouble spécifique lié au jeu d’une pathologie préexistante, comme la dépression ou l’anxiété. Le trouble du jeu vidéo pourrait alors simplement être symptomatique d’un autre problème mental.
De leur côté, les addictologues saluent la position de l’OMS, qui permettra de travailler sur la prévention et de faire progresser la recherche sur ce sujet.

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