L’actualité du passé : mixité surveillée des adhérents

, par  Mutuelle Mucs

En 1907, l’Union du commerce, l’ancêtre de la Mucs, souffle ses soixante bougies. Après avoir enfin intégré les épouses de ses membres, elle couvre aussi leurs enfants. Malgré le succès de l’appel aux dons de patrons et de retraités, une solide minorité d’adhérents impose une surveillance attentive du suivi gestionnaire de ces innovations jugées futuristes.

Le 28 avril 1907, l’assemblée générale de l’Union du commerce donne dans la satisfaction tranquille, loin des effets de manche de certaines assemblées précédentes. Pourtant, elle fête la soixantième année de cette société philanthropique créée en 1847 par une poignée d’employés du commerce de tissus. La salle des fêtes du palais du Trocadéro est remplie comme jamais par les adhérents et leurs familles, en partie attirés par la qualité du concert qui va suivre. La présidence d’honneur est une fois de plus assurée par un ministre en vue, en l’occurrence René Viviani, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale. Mais, petite déception, et c’est le cas depuis deux ans, le ministre est représenté par l’un de ses collaborateurs, en la personne du directeur de la mutualité au ministère. C’est que l’actualité de l’Union ne connaît plus le suspense du début des années 1900.

L’ouverture aux femmes, sans faillite…

En 1902, ce sont le président de la République, Emile Loubet, et son Premier ministre, Pierre Waldeck-Rousseau, qui étaient venus accompagnés de leurs épouses, pour féliciter les sociétaires de leur décision d’accepter enfin les femmes de sociétaires comme membres de la mutuelle. Une initiative alors citée en exemple par le gouvernement, mais qui continuait à susciter l’inquiétude de certains administrateurs, lesquels avaient demandé qu’une comptabilité analytique soit tenue, afin de connaître les dérives éventuelles des dépenses de santé des femmes adhérentes. Il était par ailleurs exclu que la mutuelle s’ouvre vers les employées de commerce qui n’étaient pas des épouses légitimes de sociétaires.
De fait, en 2006, les 2 480 épouses adhérentes n’ont pas mis l’Union en faillite. Certes, leurs dépenses de santé atteignent 126 % du montant de leurs cotisations, contre 108 % pour l’ensemble des 25 000 adhérents, mais rien d’alarmant, car, depuis l’année 1900, il a justement été décidé de ne pas freiner la croissance des dépenses de santé. Bien au contraire, en 1902, l’assemblée délibérante a failli rejeter les comptes annuels, car l’équipe dirigeante était suspectée de limiter le remboursement des médicaments.

Des patrons et des retraités à la rescousse

Aussi, pour compenser le déficit santé, la mutuelle encourage le versement de dons des membres retraités et par des patrons de magasins. En 1906, l’un des anciens dirigeants des Grands Magasins du Louvre, Alfred Chauchard, s’honore d’avoir versé une nouvelle subvention, portant à 305 000 francs le total de ses dons sur deux décennies, soit plus de la moitié des dépenses annuelles de santé. Un montant qui dépasse de loin les 100 000 francs du plus gros legs effectué par un ancien sociétaire, Pierre-Alphonse Ducourneau, dont les intérêts sont affectés à la caisse de secours. Même les professionnels de santé composant le service médical y vont de leur poche. C’est tout particulièrement le cas d’un des médecins dentistes de l’Union, qui a par ailleurs une clientèle non mutualiste. Depuis plusieurs années, il fait don de ses honoraires dus par la mutuelle.
Résultat : le déficit de l’année 1899 est bien oublié, et depuis six ans la mutuelle est excédentaire. Avec le capital de ses caisses de retraite, le montant des réserves de l’Union du commerce dépasse à présent les 3,5 millions de francs. Les partisans d’un équilibre gestionnaire rigoureux n’ont toutefois pas dit leur dernier mot. L’une de leurs dernières propositions vient d’être rejetée. Elle consistait à remplacer le service médical de médecins triés sur le volet par un mécanisme de remboursements basés sur le tarif fixé par la mutuelle. Ces pères-la-rigueur restent minoritaires. Ainsi, ils ont dû accepter le vote majoritaire qui prévoit d’accueillir les enfants des adhérents comme nouveaux bénéficiaires. Une avancée qui prolonge la création en 1905 du patronage de leurs pupilles et orphelins.

Toujours à la pointe du progrès social

Telle est l’actualité de la future Mucs durant cette année 1907, dite de la Belle Epoque. Si elle implique moins directement les gouvernants en place, son président ne manque pas de rappeler que, après avoir décroché une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1889, l’Union du commerce a obtenu un grand prix de l’Exposition universelle de 1900. Une reconnaissance qui la situe encore à la pointe des « 20 000 sociétés mutualistes et 4 millions de mutualistes, dont la fortune mise en réserve s’élève à 400 millions de francs ». Avec ses 3,5 millions de francs, celle de l’Union devrait décidément lui garantir un devenir prometteur.

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