« En 2019, il est temps de passer à l’action et de libérer la parole » : c’est par ces mots que le Comité national contre le bizutage (CNCB) a débuté sa campagne de communication, baptisée #JeDisStop, le lundi 9 septembre 2019. L’association à but non lucratif espère créer un vaste élan sur Twitter, Instagram et Facebook dans la lignée des mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc qui ont fait leur apparition respectivement en 2016 et 2017.
Montrer son soutien
Le CNCB invite ainsi les internautes à poster des selfies avec le poing tendu et le mot « stop » écrit sur les phalanges accompagné du hashtag #JeDisStop en signe de ralliement à la lutte contre le bizutage. Les étudiants en première année sont encouragés à refuser cette pratique et ceux des niveaux supérieurs à ne pas s’en rendre complice. Enfin, bizutés ou bizuteurs peuvent également s’exprimer sur le site Bizutagejedisstop.org, dans la rubrique « Vous avez la parole », car, « visibles ou invisibles, le bizutage laisse des traces à vie », rappelle l’association qui précise que : « Le bizutage utilise des techniques de manipulations mentales comme le font les sectes, privations de sommeil, perturbation de l’alimentation… qui font accepter aux nouveaux de manière insidieuse des choses qu’ils n’auraient pas acceptées en d’autres circonstances. » Pour faire vivre le mouvement, des photos, des images, des GIF et des témoignages seront régulièrement publiés sur Internet par le comité jusqu’à la fin de l’année.
Une pratique qui perdure malgré la loi
Le bizutage peut toucher tous les jeunes et tous les établissements d’enseignement publics comme privés (lycées, classes préparatoires, écoles, universités…). Le CNCB définit cette pratique comme : « le fait d’amener autrui – contre son gré ou non – à subir ou à commettre des actes cruels, obscènes, rabaissant, humiliants, dégradants pour la dignité de la personne, ou à consommer de l’alcool de manière excessive lors de manifestations ou réunions liées aux milieux scolaire, sportif et socio-éducatif ». Il ajoute d’ailleurs que : « Le bizutage, c’est aussi des actes plus anodins, comme vendre du papier toilette dans la rue, mais qui peuvent malgré tout mettre mal à l’aise, voire traumatiser ». S’il est considéré comme un délit puni de 6 mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende depuis 1998, il reste pourtant encore pratiqué sous couvert de tradition. Or, « toutes les traditions ne sont pas bonnes à conserver », constate le CNCB.
Une alternative : l’accueil
Pour lutter contre le bizutage, l’association propose une autre manière de célébrer la rentrée. Pour bien accueillir les nouveaux, elle recommande de « se rendre disponible pour les recevoir à leur arrivée, d’accepter chacun tel qu’il est sans chercher à le “formater” avant de l’admettre au sein du groupe, faire en sorte qu’il se sente bien dans ce nouveau groupe ». Avec cette nouvelle tradition, chacun est libre de participer, sans pression. Le CNCB préconise d’ailleurs que les activités proposées dans ce cadre regroupent les élèves de tous les niveaux. « Faire ensemble toutes promotions confondues est sans doute la meilleure façon de faire connaissance, cela évite aussi aux nouveaux souvent intimidés et en position de faiblesse de se sentir observés voire jugés ou moqués par les anciens », explique-t-il.