30,6 jours exactement : c’est le temps d’attente moyen pour accéder à une IRM en France métropolitaine en cas de suspicion de cancer, selon l’étude annuelle Cemka-Eval réalisée par l’association Imagerie santé avenir (ISA)*. Un délai largement supérieur à l’objectif fixé par le troisième Plan cancer (2014-2019), qui est de 20 jours. Pourtant, le nombre d’équipements a augmenté ces dernières années, passant de 230 appareils en 2003 à 700 en 2016. En 2015 et 2016, la croissance s’est même accélérée, avec 156 appareils supplémentaires (+38 en 2014). Malgré cela, « le délai [d’attente] observé reste à un niveau élevé, constate l’étude. Le rythme des installations actuel ne permet toujours pas de réduire nettement cet indicateur de qualité des soins au niveau national ». Avec 13,1 IRM par million d’habitants, la taille du parc français demeure très inférieure à la moyenne européenne (20 IRM par million d’habitants). Et dans les régions, « les inégalités territoriales en termes d’offre continuent […] à être importantes et difficilement justifiables, avec des variations allant du simple au double ». Les délais d’attente moyens peuvent ainsi varier de 20,4 jours, dans le Limousin, à 47,4 jours, en Poitou-Charente.
Plus aucune région au-dessus des 50 jours d’attente moyenne
Pour autant, « il est intéressant de constater qu’il n’y a plus cette année de région où les délais dépassent les 50 jours », souligne l’étude. Certaines régions connaissant des délais traditionnellement élevés ont vu leur situation s’améliorer grâce à un investissement significatif. C’est par exemple le cas des Pays de la Loire, qui, avec neuf machines supplémentaires en 2016, ont fait passer leur délai d’attente moyen de 55,8 à 36,7 jours. Idem pour la Corse, avec six machines de plus en 2016 et des délais passant de 39 à 22 jours. En revanche, d’autres régions ont vu leur situation se dégrader, comme la Basse-Normandie (+ 11,2 jours d’attente en moyenne), l’Aquitaine (+ 10,5) ou Rhône-Alpes (+ 10 jours). Pour les établissements et notamment les secrétaires interrogées au cours de l’enquête, de tels délais s’expliquent par des machines partagées entre plusieurs hôpitaux ou plusieurs cabinets de radiologie. Elles évoquent aussi des appareils en cours de remplacement, non utilisées pendant plusieurs semaines.
De leur côté, les médecins ne décolèrent pas : « Comment peut-on envisager sérieusement une prise en charge correcte des patients atteints de pathologies cancéreuses, ou d’AVC, avec de tels délais sans risque de perte de chance ? », s’interroge la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR) dans un communiqué. Avant de demander, « une nouvelle fois, solennellement, aux pouvoirs publics de prendre enfin les mesures pour permettre à tous les patients un égal accès à l’IRM ».