Certes, parler de syphilis, de sida ou d’hépatite B fait peur, mais celle-ci n’évite pas le danger, et la hausse, constante depuis plusieurs années, du nombre de jeunes touchés par ces infections sexuellement transmissibles (IST) peut elle aussi faire peur. Tous les ans, l’Ifop réalise pour l’association Sidaction épidémiologique un sondage auprès des jeunes âgés de 15 à 25 ans. Les chiffres de 2016 sont révélateurs et pour le moins inquiétants : parmi les sondés, « 24 % déclarent ne pas avoir peur du sida, contre 17 % en 2015, [et] près de 30 % concernent les 15-17 ans (+ 9 points par rapport à 2015) ». Par ailleurs, « 30 % des jeunes interrogés ont des représentations faussées de la maladie et de ses modes de transmission », 17 % déclarant que « la prise d’une pilule contraceptive d’urgence est un des moyens d’empêcher la transmission du VIH ». C’est dire que la prévention et l’information ne doivent pas être négligées, car ces chiffres portent sur une infection plutôt « médiatisée » : on n’ose imaginer les résultats si l’on interrogeait les jeunes sur d’autres IST au nom parfois barbare…
Une situation préoccupante
Publié le 7 février dernier, le nouvel avis du Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) épidémiologique sur la prévention et la prise en charge des IST chez les adolescents et les jeunes adultes fait suite aux préoccupations des pouvoirs publics face à « ces infections qui représentent une lourde menace pour la santé de ceux qui en sont atteints ». La lettre de saisine du ministère de l’Education nationale, un an auparavant, allait dans ce sens : « Les données des différents réseaux de surveillance publiées récemment par l’Institut de veille sanitaire montrent une augmentation préoccupante et continue des IST, qui touchent toutes les tranches d’âge, mais surtout les jeunes. » Suite à la présentation de son avis, le CNS a insisté pour que la lutte contre ce phénomène continue d’être menée conjointement entre les équipes de Marisol Touraine, à la Santé, et celles de Najat Vallaud-Belkacem, à l’Education nationale, car cette « politique ne peut réussir sans l’implication coordonnée de tous les acteurs concernés, à tous les niveaux, et en particulier celui des relais régionaux (agences régionales de santé, rectorats) ».
Education, dépistage et vaccination
Les recommandations du CNS doivent devenir une priorité pour les « politiques publiques de la promotion de la santé, notamment à travers la Stratégie nationale de santé sexuelle en cours d’élaboration ». L’éducation à la sexualité ne doit plus être un tabou et mérite des ajustements. Mais, outre les enseignants, voire les médecins généralistes, tout aussi légitimes et dont l’action devrait être intensifiée, le rôle « des professionnels de santé (médecins et infirmières scolaires) doit être amélioré, à l’égard des vaccinations des adolescents comme de l’accès aux préservatifs et aux dépistages ». Le CNS propose par exemple un rattrapage du vaccin contre l’hépatite B (VHB) pour ceux qui n’auraient pas été vaccinés dans leur petite enfance.
Le combat passe donc par une bonne formation des acteurs concernés tant dans le système de santé que dans le système éducatif, « notamment dans le cadre du développement professionnel continu, couvrant plus largement les domaines des sexualités des jeunes et des outils numériques qu’ils utilisent ». Des opérateurs publics, comme des centres gratuits d’information (CeGIDD, CPEF…), existent bien, mais leurs outils et leurs actions ne sont pas assez connus et reconnus par les jeunes. Les générations futures doivent en effet savoir que les IST se transmettent très facilement et qu’il leur faut adopter les bonnes pratiques pour éviter les risques d’infection. Une sensibilisation au quotidien est nécessaire.
Le CNS souligne enfin l’importance d’un renforcement du « rôle de différents dispositifs en direction des jeunes dans les domaines des addictions, des problèmes psychosociaux, des questions relatives à l’insertion socioprofessionnelle, et de l’accompagnement des jeunes sous main de justice ».