Les infections nosocomiales toucheraient chaque année plus d’une personne hospitalisée sur vingt, soit plus de 5 % des patients, et 4 000 en meurent. C’est ce que rapporte Santé publique France, qui révèle par ailleurs une hausse des contaminations causées par des bactéries résistantes à un ou plusieurs antibiotiques.
Montée en flèche du nombre de cas graves
Si le nombre de cas d’infection reste tout de même relativement stables depuis cinq ans, d’autres éléments, mentionnés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié le 17 juillet par Santé publique France, alertent les chercheurs. Ce rapport, qui fait le bilan, sur une période allant de 2001 à 2017, « des signalements externes d’infections nosocomiales », a de quoi inquiéter toute personne devant subir une hospitalisation. Après analyse des résultats, les auteurs de l’étude indiquent une forte augmentation des infections impliquant une bactérie multirésistante (BMR), une bactérie hautement résistante émergente (BHRe) ou un Clostridium difficile. Elles représentent actuellement 46 % des infections nosocomiales, contre 2,5 % en 2001.
Signaler pour mieux soigner
Afin de mieux répondre à cette situation préoccupante, Santé publique France a mis en place un portail de signalement des événements sanitaires indésirables. Ce dernier ne tient pas seulement compte des hôpitaux, il répertorie tous les établissements de santé, y compris les établissements médico-sociaux et les cabinets médicaux de ville. Ainsi, professionnels et patients peuvent déclarer en ligne la survenue d’une infection nosocomiale. L’objectif de l’agence est de permettre « dans les prochaines années d’avoir une vision plus globale des infections associées aux soins et de la résistance aux antibiotiques, afin d’orienter les politiques de prévention à mettre en place dans ces secteurs de soins ».
Les patients les plus vulnérables davantage touchés
Selon la dernière enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux en établissement de santé (ENP), menée en 2017, « les principales bactéries en cause sont : les entérobactéries dont Escherichia coli (près d’un quart des infections) et le staphylocoque doré (13 %). Les infections nosocomiales restent par ailleurs davantage constatées dans les services de réanimation (1 patient infecté sur 4) qui accueillent des patients plus vulnérables et exposés à de multiples dispositifs invasifs ». Les auteurs de l’enquête précisent que, « de 2012 à 2017, la proportion des infections après chirurgie (infection du site opératoire ou ISO) passe de 13,5 % à 16 %, se classant ainsi au deuxième rang des infections les plus courantes derrière les infections urinaires (28 %) et devant les pneumonies (15,5 %). Parmi les ISO, ce sont surtout les infections profondes et de l’organe qui progressent ».