Un sondage Odoxa publié le 18 juin révèle la grogne d’une large majorité des médecins et des soignants hospitaliers, qui se plaignent d’avoir de moins en moins de disponibilité pour leurs malades. Ce n’est pourtant pas faute de passer du temps sur leur lieu de travail, puisque cette étude nous apprend que « la plupart d’entre eux dépassent – parfois de beaucoup – les trente-cinq heures légales hebdomadaires ».
Des médecins « surbookés »
Selon le sondage, les médecins hospitaliers effectueraient en moyenne quarante-sept heures de travail chaque semaine. Parmi les 176 médecins interrogés, 44 % iraient même au-delà des cinquante heures. Comme si cela ne suffisait pas, à ces longues journées viennent encore s’ajouter de nombreuses sollicitations professionnelles. Un médecin sur deux déclare en effet être contacté en dehors de son temps de travail au moins une fois par semaine. Pour les autres soignants, la situation est un peu moins critique. Leur temps de travail serait un peu plus raisonnable, puisqu’ils ne travailleraient en moyenne « que » trente-neuf heures par semaine. Mais, parmi les 1 458 infirmiers et aides-soignants sondés, la moitié estiment quand même être sollicités professionnellement au moins une fois par mois sur leur temps de repos.
La charge de travail est soutenue, mais elle est aussi « inégale », ce qui complique l’organisation de l’emploi du temps. La majorité soignants (51 %) et surtout des médecins hospitaliers (62 %) déclarent manquer « toujours » ou au moins « souvent » de temps pour réaliser toutes leurs tâches. Résultat, l’accumulation du retard les empêche de prendre les pauses nécessaires.
Au stress et à l’épuisement vient s’ajouter un sentiment d’abandon, car le personnel hospitalier ne nourrit pas l’espoir de voir sa situation s’améliorer. Au contraire : « Neuf soignants sur dix ont le sentiment que leur charge de travail, déjà lourde, s’intensifie et une nette majorité d’entre eux pensent que leur direction a pleinement conscience du problème, mais plus des trois quarts pensent qu’elle ne s’en préoccupe pas », indique Gaël Sliman, le président d’Odoxa.
Un surmenage qui nuit à l’efficacité des soins
Non seulement ce surmenage constitue un risque majeur de troubles psychosociaux pour les soignants, mais ces derniers craignent en plus qu’il soit à l’origine d’erreurs médicales, car, absorbés par de lourdes tâches administratives, ils ont encore moins de temps à accorder aux malades. Sept infirmiers et aides-soignants sur dix et près d’un médecin sur deux (49 %) estiment n’avoir « jamais », « rarement » ou seulement « parfois » le temps de parler avec le patient. Les médecins comme l’ensemble des soignants déplorent de ne pouvoir lui consacrer qu’un peu plus de la moitié de leur temps de travail, alors qu’ils aimeraient pouvoir échanger avec lui, faire plus de prévention, etc. Afin d’enrayer la dégradation des conditions de travail et de regagner du temps pour les soins, tous demandent un allègement des démarches administratives et une politique d’embauches.