Gynécologie : une charte de bonnes pratiques en consultation

, par  Léa Vandeputte

Face aux faits de violences reprochés à certains gynécologues, la profession a réagi en publiant une Charte de la consultation en gynécologie ou en obstétrique qui rappelle ce que le médecin peut et ne doit pas faire.

Le Collège national des gynécologues et obstétriciens de France (CNGOF) vient de publier une charte de bonnes pratiques en gynécologie et obstétrique. La rédaction de ce texte intervient à la suite de l’affaire Daraï, du nom du gynécologue de l’hôpital Tenon, à Paris, accusé de viol et de violences sur des patientes.

L’importance du consentement

En préambule, le CNGOF indique que « les professionnels ont parfaitement conscience de la particularité de la consultation de gynécologie ou d’obstétrique, qui touche à l’intimité psychique et physique des femmes », avant d’ajouter : « Cette consultation nécessite une écoute, une attitude, un dialogue et un examen physique dans un esprit de bienveillance et de respect mutuel. » La question du consentement est au cœur de la charte. Plusieurs points rappellent que le praticien, médecin ou sage-femme, doit informer la patiente et lui expliquer les gestes qu’il souhaite pratiquer. « L’accord oral de la femme est recueilli avant tout examen clinique », est-il inscrit. Le consentement doit aussi être obtenu avant de permettre à un étudiant ou à un autre soignant d’assister ou de participer à la consultation. Le sujet de la pudeur est également abordé. « La femme doit pouvoir se dévêtir à l’abri des regards », précise la charte. La patiente peut par ailleurs être accompagnée lors de la consultation par la personne de son choix.

L’examen gynécologique n’est pas obligatoire

Autre affirmation importante : « L’examen clinique n’est pas systématique ». Lors d’une première consultation, par exemple pour obtenir une contraception ou en l’absence de symptômes, il n’est pas conseillé par la profession. Dans tous les cas, si la femme ne souhaite pas être examinée ou si elle veut interrompre le geste, elle doit pouvoir le faire. « Aucune pression, en cas de refus, ne sera exercée sur elle », est-il indiqué.
Le gynécologue peut proposer à la patiente de pratiquer un examen clinique afin d’obtenir des renseignements sur l’état de la vulve, du vagin et du col de l’utérus, sur la mobilité des organes pelviens, sur la contraction des muscles, sur les éventuelles douleurs ressenties, ou encore sur l’origine de saignements ou de pertes. C’est aussi l’occasion de réaliser des prélèvements pour détecter des infections ou dépister le cancer du col de l’utérus. L’examen peut comporter une palpation des seins, une palpation abdominale, un toucher vaginal avec gant ou doigtier, et nécessiter l’utilisation d’un spéculum ou d’une sonde endovaginale. Dans des cas bien précis, « le recours à un toucher rectal après explications peut être justifié », précise la charte.

Plus que des mots ?

Ce texte a été signé par plusieurs organisations professionnelles, dont la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale ou encore la Société française de gynécologie, et le CNGOF propose « à tous les praticiens de France » d’y adhérer. Le collège de gynécologues les encourage même à afficher le texte dans les salles d’attente, pour que chaque femme puisse en prendre connaissance avant la consultation. Même si les règles de base de la consultation ont bien été posées dans la charte, l’initiative laisse perplexes les organisations féministes, à l’image du collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques, qui écrit : « Même s’il est urgent que les professionnel.le.s de santé appliquent la loi française sur le consentement libre et éclairé des patientes (loi Kouchner de 2002) : un papier dans une salle d’attente ne solutionnera pas l’impunité et l’ampleur des violences gynécologiques… » Les professionnels de la gynécologie devront donc transformer les mots en actes pour espérer convaincre.

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