Moins de greffes d’organes réalisées pendant la crise sanitaire

, par  Isabelle Coston

C’est l’un des dommages collatéraux de la pandémie que l’on vient de découvrir : en 2020, le nombre de greffes d’organes a baissé de 16 % par rapport à 2019.

Une étude portant sur les greffes d’organes dans 22 pays, dont la France, a montré un net ralentissement des transplantations d’organes (-16 %) durant la crise sanitaire, en particulier pendant la première vague de Covid-19, où les chercheurs ont constaté une chute de l’activité de 31 %. Certains pays ont même connu une chute dramatique allant jusqu’à -90 %. Les résultats de cette étude, coordonnée par l’Inserm et publiée en ligne le 31 août dans la revue The Lancet Public Health, ont également été présentés au congrès de la Société européenne de transplantation (Esot), à Milan, en Italie.

Greffes de rein

Les chercheurs ont comparé le nombre de greffes d’organes (rein, foie, cœur et poumon) dans 22 pays qui concentrent à eux seuls 62 % de l’activité de transplantation : 16 pays d’Europe (dont la France), le Canada, les États-Unis, l’Argentine, le Brésil et le Chili. Si les chiffres varient beaucoup selon les pays, la transplantation rénale est toutefois l’opération ayant connu la plus forte baisse dans presque tous en 2020 par rapport à 2019. L’étude a en effet révélé une diminution des transplantations de reins de donneurs vivants de 40 % (et de foie de 33 %). En ce qui concerne les greffes provenant de donneurs décédés, les chercheurs ont observé une réduction des greffes de rein de 12 % (-9 % pour la greffe de foie, -17 % pour le poumon et -5 % pour le cœur).

Plus de 48 000 années de vie perdues

« La première vague de Covid-19 a eu un impact dévastateur sur le nombre de transplantations dans de nombreux pays, affectant les listes d’attente des patients et entraînant malheureusement une perte substantielle de vies humaines », a commenté le docteur Olivier Aubert, auteur principal de l’étude. Le professeur Alexandre Loupy, directeur du Centre de recherche translationnelle en transplantation d’organes de Paris et également auteur de l’étude, a ajouté : « La transplantation provenant de donneurs vivants, qui a connu une réduction plus importante, nécessite des ressources et une planification considérables par rapport à celles provenant de donneurs décédés. Cela est extrêmement difficile pendant une pandémie, et il y a également des préoccupations éthiques majeures pour la sécurité du donneur. Il est clair que de nombreux décès indirects sont associés au Covid-19, et notre étude confirme que la pandémie a des conséquences considérables sur de nombreuses spécialités médicales. » Selon les calculs de modélisation, le ralentissement des transplantations a en effet entraîné la perte de 48 239 années de vie pour les patients (37 664 ans pour les personnes en attente d’un rein, 7 370 ans pour un foie, 1 799 ans pour un poumon et 1 406 ans pour un cœur).

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