Un traitement à action prolongée contre le glaucome. Dans une étude publiée par la revue Advanced Science le 7 décembre, des chercheurs de l’Institut de technologie de Géorgie basé à Atlanta, aux États-Unis, expliquent comment une simple injection d’hydrogel d’acide hyaluronique sous la surface de l’œil pourrait remplacer les traitements actuels (gouttes quotidiennes) et la chirurgie. Le glaucome est une maladie oculaire fréquente qui touche une personne sur dix après 70 ans. C’est la deuxième cause de cécité en France après la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
Insidieuse, cette pathologie commence à se manifester alors qu’elle évolue déjà depuis une dizaine, voire une vingtaine d’années. Elle est causée par l’obstruction progressive de l’angle irido-cornéen (espace séparant l’iris de la cornée), dont le rôle est d’évacuer l’humeur aqueuse, le liquide biologique contenu dans le globe oculaire, de l’intérieur vers l’extérieur de l’œil.
Conséquence : la pression intraoculaire augmente et le nerf optique se détruit à peu. Au fil du temps, le champ périphérique s’altère et une vision dite « tubulaire » s’installe : le patient ne voit plus que le centre de l’image. Si les lésions du nerf optique s’aggravent, la vision centrale disparaît à son tour (voir aussi la vidéo ci-dessous).
Un traitement beaucoup moins contraignant
Actuellement, le glaucome ne se guérit pas. Les traitements (collyre ou laser) consistent à préserver le nerf optique en réduisant la pression oculaire. Lorsque la pathologie évolue trop vite, le médecin peut envisager une chirurgie. Le traitement développé par les chercheurs d’Atlanta est beaucoup moins contraignant pour le patient : il consiste à injecter un hydrogel d’acide hyaluronique, sous la surface de l’œil, dans ce qu’on appelle l’espace suprachoroïdien. Le produit permet de faire baisser la pression intraoculaire pendant quatre mois en ouvrant une voie alternative pour faciliter l’évacuation de l’humeur aqueuse.
Une telle méthode « pourrait changer la donne dans le traitement du glaucome », explique Ross Ethier, professeur en bio-ingénierie à l’université d’Emory, à Atlanta, et coauteur de l’étude. Très « enthousiasmé » par cette technique, qu’il compare au « Saint Graal », le professeur a affirmé que le nouveau traitement avait « des effets secondaires minimes » et « un bon profil de sécurité ».
À présent, les scientifiques espèrent améliorer les résultats pour une efficacité de 6 mois. Ainsi, seules deux injections seraient nécessaires par an et pourraient se faire dans le cadre du suivi régulier du glaucome chez l’ophtalmologiste. Mais, pour le moment, les essais n’ont été réalisés que sur des animaux. Il faudra attendre encore un peu avant de pouvoir tester des humains, ont précisé les chercheurs.