Après s’être opposé à l’inscription dans le calendrier vaccinal des vaccins contre le rotavirus en 2006 puis en 2010, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) vient de réévaluer ses recommandations : au regard des nouvelles données disponibles sur les risques et les bénéfices de ces vaccins, le HCSP recommande, dans un avis rendu public le 14 février, de vacciner les nourrissons de moins de 6 mois, sous réserve que le tarif du Rotarix et du Rotareq, actuellement vendus à 180 et 230 euros, baissent. Administrés par voie orale en deux ou trois doses à quelques mois d’écart, ces deux vaccins réduisent les risques de contracter le rotavirus responsable de certaines gastroentérites, les plus aiguës.
Avant que les médecins ne proposent systématiquement cette vaccination – le HCSR est en effet une instance de conseil dont les recommandations sont généralement suivies par le gouvernement –, il revient à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, de juger si les conditions, en particulier tarifaires, sont respectées et à la Haute Autorité de santé (HAS) de déterminer la part de remboursement imputable à la Sécurité sociale, rappelle Europe1 sur son site.
Eviter 80% des hospitalisations
En France, le rotavirus cause chaque année 7 à 17 décès chez les enfants de moins de 3 ans et il est responsable de 14 000 hospitalisations, de 30 000 recours aux urgences et de 155 000 consultations chez un médecin généraliste.
De récentes études sur l’efficacité de la vaccination ont fait changer d’avis le HCSP. En vaccinant trois nourrissons sur quatre, le nombre de gastro-entérites liées au rotavirus serait réduit de deux tiers sur le court terme et de trois quarts sur le long terme, selon une étude dévoilée récemment au congrès de l’Internal Society for Pharmaeconomis and Outcomes Research, à Dublin. De plus, « le Haut Conseil de la santé publique a pris en considération l’impact bénéfique, dans les pays industrialisés, de cette vaccination des nourrissons qui réduit le taux d’hospitalisation de plus de 80 % », ont indiqué les experts.
Des risques mieux connus
En 2010, le HCSP avait décidé de ne pas recommander ces vaccins en raison de « l’existence d’un signal en faveur d’une augmentation faible de risque d’invagination intestinale aiguë », qui se produit lorsqu’un segment d’intestin incorpore une portion intestinale située plus en aval. Cela conduit à une occlusion intestinale avec douleurs, vomissements, arrêt du transit et, dans certains cas, péritonite.
« Ce risque est tout à fait confirmé, mais il est désormais bien circonscrit, et il est quand même faible, de l’ordre de 1 à 6 cas pour 100 000 enfants », explique le professeur Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations (CTV), interrogé par le site Pourquoidocteur.fr. Le HCSP recommande de ce fait que l’information sur ce risque potentiel soit systématiquement délivrée par les professionnels de santé aux parents des enfants vaccinés. En cas de signes comme des pleurs, un refus de s’alimenter ou de boire, des vomissements ou une pâleur dans les sept jours qui suivent, ils devront consulter sans délai.