L’organisme des Français présente des niveaux de pesticides et de PCB plus élevés que les taux mesurés chez les Allemands ou les Américains. Voilà ce qui ressort d’une publication récente de l’Institut de veille sanitaire (INVS), basée sur le volet environnemental de l’Etude nationale nutrition santé (ENNS) réalisée entre 2006 et 2007. C’est la première fois que les concentrations biologiques de plusieurs polluants de l’environnement sont mesurées sur un échantillon représentatif de la population française.
En ce qui concerne les pesticides, si les niveaux d’organochlorés (DDT ou lindane, aujourd’hui interdits pour la plupart des usages) établis sont globalement faibles, ce n’est pas le cas pour le paradichlorobenzène : des taux très élevés ont été décelés dans l’organisme des Français. Cette substance, contenue notamment dans les antimites ou les désodorisants pour toilette, est classée comme cancérigène probable aux Etats-Unis. On trouve également des taux relativement élevés, en tout cas supérieurs à ceux mesurés dans la population américaine ou allemande, en ce qui concerne les pesticides pyréthrinoïdes, largement utilisés en agriculture, en horticulture et pour l’usage domestique. Idem pour les PCB, ces substances toxiques et cancérigènes probables utilisées comme isolants dans l’industrie jusqu’à la fin des années 80 et que l’on retrouve aujourd’hui dans les sols et les eaux françaises.
Exposition aux métaux relativement basse
Contrairement aux résultats inquiétants constatés par rapport aux pesticides et aux PCB, la population française présente des niveaux relativement bas aux onze métaux également mesurés dans le cadre de l’enquête. « Ces niveaux sont similaires à ceux observés à l’étranger », précise l’INVS. La concentration de plomb dans le sang des Français a par exemple baissé de 60 % depuis 1995, date de la dernière étude réalisée en la matière sur des adultes. Un taux qui « traduit les efforts de réduction des expositions au plomb en France », ajoute l’institut. Par ailleurs, les niveaux de cadmium, métal utilisé pour protéger l’acier contre la corrosion dans les alliages, les piles et les batteries, sont similaires à ceux observés dans les études françaises précédentes et comparables à ceux d’autres pays européens. Enfin, les concentrations de mercure dans les cheveux sont supérieures chez les Français à celles relevées chez les Allemands et les Américains, mais inférieures à celles constatées chez les Espagnols. Des écarts expliqués « par la différence de consommation de poisson dans ces pays, puisqu’il constitue le principal apport de mercure », précise l’INVS.
Toutes ces mesures serviront de repères pour suivre l’évolution de l’exposition de la population française à ces substances au fil des années. Une nouvelle enquête de biosurveillance, incluant des enfants, devrait d’ailleurs être lancée par l’INVS en 2012. Elle élargira notamment les données de cette première étude à une centaine d’autres substances.