Mourir chez soi sans souffrances, plutôt que dans un lit d’hôpital, est désormais envisageable. La Haute autorité de santé (HAS), dans de nouvelles recommandations publiées lundi 10 février, ouvre la possibilité aux médecins traitants, d’ici à quatre mois, de prescrire du midazolan, un médicament couramment donné pour soulager les patients des services de soins palliatifs en établissements hospitaliers. Depuis la promulgation de la loi Clayes-Leonetti, en 2016, les malades et les personnes en fin de vie ont le droit d’exiger une sédation profonde et continue en phase terminale.
Le midazolam appartient à la classe des benzodiazépines, qui est la référence aujourd’hui pour mettre en place ce que l’on appelle la sédation profonde et continue jusqu’au décès. Si, en théorie, jusqu’à présent, les médecins généralistes étaient autorisés à l’utiliser, les conditions pour obtenir ce produit étaient en revanche très compliquées, puisqu’ils devaient, pour se le procurer, passer obligatoirement par une pharmacie hospitalière.
Donner des moyens d’agir aux médecins généralistes
« Aujourd’hui, nous recommandons très clairement que le médecin puisse y avoir accès directement, explique dans le journal Libération le docteur Pierre Gabach, chef du service des bonnes pratiques professionnelles à la HAS, qui a participé à la rédaction des recommandations. C’est au ministère de la Santé de faire en sorte que désormais, réglementairement cela soit possible. »
Cette décision de la HAS fait suite au tollé soulevé dans la profession à la suite de la mise en examen d’un médecin du Havre et de sa femme anesthésiste-réanimatrice à l’hôpital. Cette dernière lui avait fourni du midazolan, qu’il avait ensuite administré à trois de ses patients âgés, en soins palliatifs.
L’autorité sanitaire souligne par ailleurs les précautions obligatoires à prendre avant toute utilisation de ce médicament, qui peut être d’un usage délicat : une prise de décision collégiale, un lien systématique entre le médecin et une unité de soins palliatifs et la possibilité d’un repli de la personne vers un hôpital si la situation se complique.