Plus besoin de prendre rendez-vous chez le médecin, les Français vont bientôt pouvoir se faire vacciner contre la grippe dans une officine, à l’endroit même où ils auront acheté leur vaccin. Cette mesure, qui bouscule les habitudes et qui sera testée pendant trois ans, a été votée à une large majorité par les députés le 27 octobre, à titre d’amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2017.
Des milliers de morts chaque année
Il y a urgence sanitaire. La grippe, très contagieuse, tue encore chaque année en France des milliers de gens, notamment des personnes âgées ou fragilisées par une maladie chronique. Or, depuis 2009, le taux de couverture vaccinale ne cesse de baisser et, en 2015, moins d’une personne à risque sur deux s’était fait vacciner. Les femmes enceintes, les personnes de 65 ans et plus, celles atteintes de certaines affections chroniques (diabète, insuffisance respiratoire, cardiaque ou rénale), les personnes obèses, celles séjournant dans un établissement de soins, les professionnels de santé, le personnel navigant et ceux en contact avec des nourrissons de moins de 6 mois sont incités chaque année à se faire vacciner. Ils reçoivent pour cela un courrier de l’Assurance maladie, accompagné d’un imprimé de prise en charge à 100 %, les invitant à consulter leur médecin traitant. Les années suivantes, ils ont également la possibilité de se faire vacciner par un infirmier. Désormais, ces personnes recevront un bon qui se substitue à une prescription médicale.
Inquiétude des généralistes
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a qualifié le vote de cet amendement d’« avancée importante », mais les syndicats de médecins ne sont pas du même avis et dénoncent, notamment, le manque de formation des pharmaciens pour vacciner. Les pharmaciens, de leur côté, se déclarent prêts à se former pour endosser cette nouvelle responsabilité, à l’instar de leurs homologues portugais, suisses ou irlandais, déjà habilités depuis plusieurs années.
Les médecins s’interrogent aussi sur l’efficacité de cette mesure pour faire remonter le taux de vaccination, car, selon eux, multiplier les lieux d’injection n’est pas forcément la meilleure réponse pour redonner confiance aux Français, de plus en plus nombreux à remettre en cause l’utilité des vaccins.
Pour répondre au mécontentement et aux inquiétudes exprimées par les syndicats de généralistes, un autre amendement a été adopté dans la foulée par l’Assemblée : ces derniers pourront stocker des vaccins contre la grippe pendant trois ans afin de les administrer aux populations à risque.
Les conditions d’application de ces mesures expérimentales comme les modalités de formation des pharmaciens aux injections sous-cutanées seront fixées par décret. Bien entendu, les pharmaciens devront disposer d’une pièce garantissant la confidentialité et être couverts par une assurance spécifique.