« La recherche scientifique et la médecine ne peuvent plus ignorer les différences biologiques entre les sexes », déclare l’Académie nationale de médecine dans un rapport publié début juin. La différenciation hommes-femmes se produit dès la conception : les chromosomes XX déterminent le sexe féminin et les chromosomes XY le sexe masculin. A cette différence génétique, qui aboutit à des spécificités anatomiques au niveau des organes et des vaisseaux sanguins, s’ajoutent des différences hormonales, mais aussi un « formatage » socio-culturel sexué. Or la médecine française a tendance à lisser ces différences « sous prétexte de parité ». L’Académie appelle donc à s’inspirer des approches des autres pays européens, davantage centrées sur la médecine différenciée.
Maladies féminines et maladies masculines
« Il est reconnu que les différences liées au sexe déterminent effectivement la prévalence, l’âge d’apparition, la sévérité et l’évolution de nombreuses maladies, le métabolisme, la réponse aux médicaments ou aux régimes, et les comportements », poursuit-elle. Ainsi, certaines pathologies, comme l’alzheimer, la dépression ou l’ostéoporose, touchent majoritairement les femmes. D’autres, au contraire, surviennent davantage chez les hommes, notamment l’autisme et les tumeurs du cerveau ou du pancréas.
Des traitements plus adaptés aux hommes
Pour mieux adapter la prévention, le diagnostic et les traitements, il est indispensable de « mieux comprendre les mécanismes de régulation spécifiques du sexe, aussi bien physiologiques que liés à la maladie », affirme l’Académie. Pourtant, cette dimension n’est pas prise en compte par la recherche. Les femmes sont même souvent sous-représentées dans les essais cliniques, ce qui aboutit à mettre sur le marché des médicaments qui ne leur sont pas adaptés. « On sait par exemple, aujourd’hui, que globalement les femmes font une fois et demie à deux fois plus d’accidents secondaires liés aux médicaments que les hommes, ce qui représente un coût humain et financier exorbitant et… évitable ; inversement, les hommes sont moins bien traités que les femmes pour les maladies plus féminines (ostéoporose) », souligne le rapport.
Vers une médecine personnalisée
Pour pouvoir proposer des soins sexuellement personnalisés, l’Académie de médecine propose de « réviser fondamentalement les principes établis de la recherche fondamentale et clinique jusqu’à la pratique médicale et la vie de tous les jours ». Pour cela, elle recommande de « concevoir ou d’interpréter les études sur l’homme ou l’animal en tenant compte du sexe » et de passer « d’une médecine indifférenciée à une médecine sexuée » en intégrant cette notion dans la formation des médecins et des professionnels de santé. Enfin, elle préconise de « faire un effort d’information et de pédagogie pour que cette médecine différenciée soit comprise comme un plus pour la santé à la fois des femmes et des hommes », mais aussi pour qu’elle n’induise pas « des discriminations sans justification scientifique ni médicale ».