Alors que près de six millions d’enfants commencent dès maintenant à penser à la rentrée scolaire, d’autres, moins chanceux, risquent de trouver porte close. Il s’agit d’enfants souffrant d’un handicap intellectuel ou cognitif et pour qui l’institution scolaire n’a pas trouvé de solution d’accueil. Pour dénoncer cette situation, l’Union nationale des associations de parents d’enfants inadaptés (Unapei) poursuit l’opération #Jaipasecole.
🟠#jaipasecole
Les témoignages que nous recevons prouvent que le droit à la scolarisation des élèves en sit. de #handicap n’est pas respecté dans notre pays. pic.twitter.com/rxbE3J3V6m— Unapei (@Unapei_infos) August 25, 2022
Ce mouvement associatif, première fédération française d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles, souhaite ainsi rendre visibles ces « oubliés de la rentrée ». Sur la plateforme Marentree.org, elle recueille également depuis quatre ans, les témoignages des familles confrontées à ces discriminations.
Un droit fondamental bafoué
« Les témoignages que nous recevons prouvent que le droit à la scolarisation des élèves en situation de handicap n’est pas respecté dans notre pays », révèle l’Unapei. Dans un communiqué publié le 1er juillet dernier, elle décrivait des situations choquantes mais bien réelles, telles qu’un élève scolarisé uniquement le mardi matin et le jeudi après-midi, un autre accueilli dans une classe inadaptée à ses capacités ou encore un enfant à qui on refuse toute scolarisation. « Pour des milliers d’élèves et leurs familles, ces aberrations sont des réalités quotidiennes », souligne-t-elle. Or, ce défaut de scolarisation a des « conséquences dramatiques » pour les familles, souvent « éreintées ». « Aucun parent n’accepterait que son enfant ne soit accueilli à l’école que deux heures par semaine et exclu de la cantine et de toutes les activités périscolaires, s’indigne l’Unapei. Aucun parent n’accepterait que son enfant soit scolarisé dans une école qui ne correspond ni à son âge, ni à ses acquis, ni à ses capacités. Aucun parent n’accepterait que son enfant soit maintenu en classe de maternelle, faute de place à l’école primaire. Pourtant, c’est ce que la société impose à des milliers de familles, depuis des années, et dans l’indifférence générale. »
Insuffisance des dispositifs
Selon le gouvernement, plus de 430 000 enfants en situation de handicap seront accueillis à l’école à la rentrée 2022, soit 20 000 de plus que l’an dernier. Même si ces chiffres sont encourageants, il reste cependant beaucoup à faire. D’après une étude menée par la fédération, sur près de 8 000 enfants, un élève sur deux disposera de moins de 6 heures de cours par semaine. Dans le détail, 18 % des élèves concernés n’auront aucune heure de cours par semaine, 33 % en auront entre 0 et 6 heures par semaine. 22 % auront pour leur part entre 6 et 12 heures, tandis que les 27 % restants pourront assister à plus de 12 heures de cours hebdomadaires. En parallèle, l’annonce du recrutement de 4 000 accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) ne rassure pas totalement si on la rapporte aux 20 000 nouveaux élèves scolarisés.
« Le gouvernement annonce une croissance du nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés mais si les dispositifs qui les accueillent ne sont pas calibrés en conséquence et adaptés, on ne pourra pas tous les accueillir », a en effet réagi Sonia Ahehehinnou, vice-présidente de l’Unapei, auprès de l’AFP, avant d’ajouter : « Ce n’est pas aux parents d’assumer ce défaut de scolarisation de leurs enfants handicapés. » Car à l’école, les dispositifs déployés par le gouvernement le sont « sans s’attacher à la qualité de la scolarisation », qui suppose un temps d’enseignement suffisant et un accompagnement adapté aux besoins de chacun. La fédération réclame pour cela une meilleure formation des enseignants et une adaptation des effectifs des classes accueillant des élèves handicapés.