Encore méconnue et mal diagnostiquée, l’endométriose, première cause d’infertilité en France, touche pourtant une femme sur dix en âge de procréer. Pour mieux faire connaître cette maladie, et dans le cadre de la Semaine européenne de l’endométriose qui se tient jusqu’au 12 mars, l’association Info-endométriose vient de lancer la première campagne nationale d’information sur le sujet, en partenariat avec le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), les associations de patientes et les pouvoirs publics. Une convention spécifique a en outre été signée entre Info-endométriose et le ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes. Elle prévoit notamment « la sensibilisation et la diffusion de supports pédagogiques et ludiques aux structures d’accueil spécialisées en matière de santé des femmes, de santé sexuelle et reproductive et d’éducation à la sexualité, ainsi qu’aux délégations départementales et régionales aux droits des femmes », précise le ministère dans un communiqué. Objectif : sensibiliser et informer à la fois le grand public et les professionnels de santé encore peu formés au diagnostic de cette pathologie.
Maladie chronique
L’endométriose se caractérise par une prolifération de l’endomètre, le tissu qui tapisse l’utérus, dans des régions où il devrait être absent, principalement au niveau des organes pelviens et du péritoine, la membrane qui recouvre les organes de l’abdomen. Plus rarement, cette colonisation peut s’étendre au rectum, aux appareils digestif et urinaire, et, dans les cas les plus sévères, à la plèvre, voire aux poumons. En se développant ainsi, le tissu endométrial provoque des lésions, des adhérences et des kystes dans les organes touchés. Chez 30 à 40 % des patientes, la maladie conduit inexorablement à des problèmes d’infertilité.
Chronique et récidivante, cette pathologie se caractérise essentiellement par des douleurs pelviennes très invalidantes au moment des règles, et parfois lors des rapports sexuels, de la miction ou de la défécation. Dans certains cas, l’endométriose peut aussi rester asymptomatique et se développer en silence. La variabilité de l’intensité des symptômes, ajoutée au tabou des douleurs de règles (les femmes pensent qu’il est « normal » de souffrir pendant les menstruations) et à la méconnaissance de la maladie, conduit la plupart du temps à un retard de diagnostic : en moyenne, les femmes concernées attendent sept ans avant qu’il ne soit enfin posé.
Pilule et chirurgie
C’est l’interrogatoire précis de la patiente et son examen clinique qui déterminent la nécessité ou non d’examens complémentaires (échographie, IRM, cœlioscopie). Le diagnostic définitif s’appuie quant à lui sur l’analyse du tissu endométrial prélevé au cours d’une laparoscopie (chirurgie mini-invasive).
Plus tôt la maladie est repérée, plus tôt un traitement pourra être mis en place pour éviter que l’endométriose ne progresse vers des formes sévères. Actuellement, pour stopper la prolifération du tissu utérin et soulager les douleurs, les médecins prescrivent une pilule progestative en continu. Celle-ci empêche la survenue des règles et la maladie reste en sommeil, elle ne guérit pas, mais n’évolue plus. Dans d’autres cas, lorsque la douleur devient trop intense et que les organes sont endommagés, la chirurgie est la seule alternative. Très complexe, elle consiste à retirer les tissus qui ont migré à l’extérieur de l’utérus et nécessite la présence de plusieurs spécialistes (gynécologue, chirurgien digestif et parfois urologue).