L’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a dévoilé, le mardi 27 mars, les résultats de son expertise sur l’électrohypersensibilité (EHS). S’appuyant sur la littérature scientifique disponible, ainsi que sur l’audition de médecins hospitaliers et généralistes, de chercheurs, d’associations et de personnes concernées, l’agence a conclu « à l’absence de preuve expérimentale solide permettant d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes décrits par les personnes se déclarant électrohypersensibles ». Elle estime toutefois que « la souffrance et les douleurs exprimées par les personnes se déclarant EHS correspondent à une réalité vécue les conduisant à adapter leur quotidien pour y faire face ».
Pas de critères de diagnostic
La question est complexe, d’autant que l’existence même de l’EHS est encore débattue. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) en a pourtant donné une définition en 2005. Selon l’institution, l’EHS est « caractérisée par divers symptômes que les individus touchés attribuent à l’exposition aux champs électromagnétiques ». Ces derniers sont émis par les appareils électroménagers, les installations électriques ou les dispositifs communicants comme le wifi. Le syndrome engendre des maux très divers. Parmi les plus fréquents, on retrouve des maux de tête, de la fatigue, des troubles de l’équilibre et de la mémoire, des fourmillements dans les doigts, mais aussi des problèmes cutanés. Difficulté supplémentaire relevée par l’Anses, « il n’existe pas, à ce jour, de critères de diagnostic de l’EHS validés, et il résulte de l’expertise que la seule possibilité pour définir l’EHS repose sur l’auto-déclaration des personnes ».
Ecouter et prendre en charge
Dans ce contexte, l’agence recommande une prise en charge adaptée des personnes concernées et sollicite la Haute Autorité de santé (HAS) « afin d’examiner la pertinence de formuler des recommandations destinées aux professionnels de santé ». Elle préconise aussi « de développer la formation des professionnels de santé sur la problématique de l’électrohypersensibilité, la formation des acteurs sociaux à l’accueil et à l’écoute des personnes se déclarant électrohypersensibles, ainsi qu’à la prise en compte, dans leurs pratiques, de leurs questions et de leurs attentes, et de favoriser la coordination entre les acteurs impliqués dans leur prise en charge ».
En parallèle, pour mieux comprendre l’EHS, l’Anses demande la poursuite des travaux de recherche. Ceux-ci devront être menés « en renforçant les interactions entre scientifiques et associations de personnes se déclarant EHS ; en soutenant la mise en place d’infrastructures de recherche adaptées à l’EHS, pour réaliser notamment des études de suivi à long terme et en veillant à ce que les conditions expérimentales soient contrôlées et prennent en compte les conditions de vie des personnes se déclarant EHS ; en pérennisant le financement de l’effort de recherche sur les effets sanitaires des radiofréquences ».