On l’attendait au tournant… sans trop y croire. Au final, la Haute Autorité de santé (HAS) ne s’est pas positionnée clairement au sujet de la cigarette électronique, utilisée, s’il l’on en croit les industriels, par 1 million de Français. Dans le cadre de ses nouvelles recommandations sur le tabagisme publiées le 21 janvier, elle précise prudemment que « la e-cigarette n’est pas recommandée à ce jour comme outil d’aide à l’arrêt du tabac ». Cependant, son utilisation ne doit « pas être découragée […] chez un fumeur qui a commencé à vapoter et qui souhaite s’arrêter de fumer ». Pour la HAS, « l’innocuité » de la cigarette électronique n’a pas été suffisamment évaluée pour le moment pour en faire un dispositif reconnu de façon officielle dans une démarche de sevrage tabagique. Et, faute de recul sur la question, la Haute Autorité souligne aussi que rien ne dit si la e-cigarette permet d’arrêter durablement. Elle conseille donc aux vapoteurs de consulter leur médecin traitant afin d’établir une « une stratégie personnalisée pour arrêter de fumer » et indique par ailleurs rester « attentive à toute nouvelle donnée qui permettra de réévaluer la place de la cigarette électronique » dans l’arsenal thérapeutique d’arrêt du tabac. En ce sens, la HAS préconise la mise en place d’études « cliniques » et « observationnelles » pour étudier plus précisément l’efficacité et l’absence de toxicité de la e-cigarette.
Pas de goudron ni de monoxyde de carbone
Concernant la cigarette électronique, une chose est sûre aujourd’hui : elle ne contient ni tabac ni goudrons. D’après un rapport commandé par le ministère de la Santé et piloté par le pneumologue Bertrand Dautzenberg, président de l’Office français de prévention du tabagisme, elle ne libère « ni monoxyde de carbone, ni particules solides, ni quantité significatives de cancérogènes ». Et, selon les données scientifiques disponibles en mai 2013, « les effets irritants ou toxiques des composants de la e-cigarette sont bien moindres que ceux qui sont liés à la fumée de tabac », souligne l’étude. Pour ces raisons, de plus en plus de professionnels de santé conseillent aux gros fumeurs de tenter la vapoteuse pour arrêter le tabac. Dans un appel diffusé dans Le Parisien en novembre 2013, cent médecins défendaient l’usage de la e-cigarette. Pour eux, « son potentiel en termes de santé publique est réel » et, s’il persiste « des doutes et des débats sur la parfaite innocuité à long terme de certains de ses composants, ils doivent être confrontés à la certitude absolue de la dangerosité du tabac ». Un avis partagé par l’Alliance contre le tabac, qui rappelle que la cigarette tue un fumeur sur deux.
Les substituts classiques mis en avant
Pour l’heure et dans l’attente de données supplémentaires, la HAS préfère faire jouer le principe de précaution. Dans ses recommandations, elle met donc plutôt l’accent sur les substituts classiques comme les patchs, les gommes à mâcher ou encore les pastilles, des traitements remboursables par l’Assurance maladie à hauteur de 50 euros par an (150 euros pour les femmes enceintes et les jeunes de 20 à 25 ans). La Haute Autorité réserve par ailleurs une place privilégiée au médecin traitant, dont l’accompagnement constitue « un facteur clé de réussite » dans l’arrêt du tabac. Placé au centre de la démarche, il doit proposer à son patient fumeur, après avoir évalué sa dépendance, des consultations dédiées « permettant de délivrer un soutien psychologique, des conseils personnalisés et un suivi médical ». Enfin, si les méthodes alternatives comme l’acuponcture, l’hypnothérapie ou l’activité physique « n’ont pas fait les preuves de leur efficacité », la HAS considère qu’il est important « de ne pas casser la motivation d’un fumeur ni de le décourager ou le culpabiliser et que ces méthodes peuvent trouver leur place dans une démarche d’arrêt du tabac en complément des méthodes recommandées ».