Lors d’une enquête CSA réalisée récemment pour le laboratoire Sanofi*, 68 % des personnes interrogées déclaraient éprouver des douleurs depuis plus d’un an, soit 35 % de la population. Un chiffre stable : en 2004, selon une étude du Stopnet (Study of the Prevalence of Neuropathic Pain), il était de 31,7 %. « Cela reste élevé », constate le docteur Michel Lanteri-Minet, chef du service du département Evaluation et traitement de la douleur au CHU de Nice et membre de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD). Les raisons en sont multiples, ajoute-t-il : « Certains malades n’osent pas aller consulter et certains médecins, quant à eux, considèrent la douleur chronique comme un simple symptôme. De plus, on ne compte que 300 centres d’évaluation et de traitement de la douleur, qui chaque année voient passer 300 000 patients, alors qu’ils sont des millions à souffrir de douleurs chroniques. »
Vivre avec une douleur qui ne disparaît pas
« Une douleur chronique, souligne le docteur Lanteri-Minet, on ne peut pas forcément la supprimer, au contraire d’une douleur aiguë. » Celle-ci survient de façon brutale et la cause en est précise, alors que l’on parle de douleurs chroniques lorsqu’une personne souffre depuis plus de trois mois, même sous traitement. Deux éléments sont également à prendre en compte : le facteur psychologique (plus on pense à sa douleur, plus on a mal) et l’aspect social (un divorce ou un problème au travail peut par exemple aggraver la sensation de douleur). Le « top 5 » des douleurs chroniques ? Les céphalées et les migraines, les troubles lombaires, les douleurs neuropathiques (lésions nerveuses), les pathologies arthrosiques et la fibromyalgie.
« On fait tout pour réadapter le patient, lui permettre de vivre normalement », tient à préciser le docteur Lanteri-Minet. Vous savez, un tiers des patients que l’on a ici sont dans l’incapacité de travailler à cause de ces douleurs. » Des douleurs qui peuvent même amener à la dépression. La solution passe à la fois par le traitement médical et par une approche non pharmacologique : psychothérapie, relaxation, acupuncture, etc. « Ils ont besoin d’être écoutés, soutenus, conclut le spécialiste, car lorsqu’un patient revient voir son médecin pour lui dire que le traitement n’a pas fonctionné et qu’on lui répond “Je ne peux rien pour vous”, il se sent perdu. »