Des pesticides toxiques retrouvés dans l’air

, par  Delphine Delarue

D’après un rapport publié par l’association Générations futures, plus de la moitié des pesticides que l’on retrouve dans l’air sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens et près d’un tiers de ces substances sont classées cancérogènes.

Après les sols, l’eau ou l’alimentation, des traces de pesticides sont également présentes dans l’air que nous respirons. Parmi ces substances (herbicides, fongicides, insecticides), on retrouve une forte majorité de perturbateurs endocriniens (PE) suspectés ou des cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR), souligne l’ONG Générations futures dans un rapport alarmant publié mardi 18 février. Ce dernier a été établi à partir de données fournies par Atmo France, la fédération des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa). Ces données, rassemblées dans le rapport PhytAtmo paru le 18 décembre, regroupent les mesures de pesticides réalisées en France entre 2002 et 2017 par les différentes Aasqa. Parce que PhytoAtmo a ses limites (les molécules recherchées et les méthodes d’analyse ne sont pas forcément les mêmes dans chaque association de surveillance et peuvent même varier selon les années), Générations futures a choisi de réaliser un nouveau rapport sur la base de deux sources complémentaires : la première recense les données les plus récentes (2017) dans toutes les régions ayant fait des analyses cette année-là, soit le Grand-Est, les Hauts-de-France, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie, le Centre-Val de Loire et la Corse. La seconde concerne l’ensemble du territoire, mais certaines données peuvent être anciennes.
52 substances actives retrouvées dans l’air en 2017
Conclusions : pour l’analyse 2017, sur les 52 molécules de pesticides retrouvées au moins une fois dans l’air d’une des régions étudiées, 28,84 % étaient des pesticides classés CMR 1 (avérés) ou 2 (suspectés) par l’Union européenne (UE) et 61,53 % des perturbateurs endocriniens suspectés. Enfin, 28,84 % sont des pesticides non autorisés en Europe (ce qui ne veut pas dire que ces pesticides étaient interdits au moment des prélèvements).
Dans la seconde analyse, sur les 104 substances actives retrouvées au moins une fois dans l’air d’un des départements étudiés, 33,65 % étaient des pesticides classés CMR 1 ou 2 selon l’UE et 66,34 % des perturbateurs endocriniens suspectés. Près de la moitié (45,19 %) sont des pesticides désormais interdits en Europe.
L’étude révèle en outre que parmi les pesticides les plus présents dans l’air, on retrouve le lindane, un insecticide classé cancérogène pour l’homme et interdit en France depuis 1998 (mais qui reste très persistant dans l’environnement). Autres substances récurrentes : le folpel, un pesticide utilisé dans la vigne, également classé cancérogène, ou le chlorpyrifos, un insecticide néfaste au développement du cerveau chez l’enfant, non autorisé depuis le 31 janvier seulement.
Situation préoccupante pour les riverains
des zones cultivées

Pour François Veillerette, directeur de Générations futures, « ces résultats témoignent du fait que l’air est une voie d’exposition réelle des populations à des pesticides perturbateurs endocriniens et/ou CMR. Ceci est particulièrement préoccupant pour les groupes vulnérables que sont les riverains des zones cultivées. » D’autant que pour les perturbateurs endocriniens, c’est plus la période que le niveau d’exposition qui fait le risque. « Même des quantités faibles de pesticides PE dans l’air peuvent avoir potentiellement des effets néfastes si l’exposition a lieu à des périodes spécifiques de la vie (in-utéro, petite enfance et adolescence, ndlr) », ajoute le directeur.
Générations futures attend donc des pouvoirs publics des mesures fortes comme la sortie de l’utilisation des pesticides de synthèse, l’accélération du « retrait des substances CMR et PE reconnues mais également suspectées », une meilleure information et une protection renforcée des populations rurales par « l’introduction de zones tampons d’au moins 100 mètres » entre les zones d’épandage et les habitations (actuellement, cette zone n’est fixée qu’à cinq à dix mètres en fonction du type de culture et de la dangerosité des produits utilisés).

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