Les soins dentaires « constituent la principale raison du renoncement aux soins auquel déclare être confrontés près d’un tiers des consommateurs », soulignent, dans un communiqué commun, le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss), la société Santéclair et le magazine 60 Millions de consommateurs. Ce phénomène, désormais connu, s’explique notamment par les restes à charge élevés auxquels doivent faire face les patients après être passés chez le dentiste. Selon une étude menée par l’Observatoire citoyen des restes à charge en santé et publiée dans le numéro de décembre de 60 Millions, les soins dentaires représentent pas moins de 6 milliards d’euros de restes à charge par an après remboursement de l’Assurance maladie. Concrètement, l’usager doit par exemple payer de sa poche environ 240 euros pour une couronne et jusqu’à 700 euros pour une prothèse unimaxillaire.
Dépassements sur les soins conservateurs
Plus grave : l’étude révèle que certains dentistes appliquent des dépassements d’honoraires sur le traitement des caries, le détartrage, les dévitalisations ou les extractions de dent, alors même que ces soins dits conservateurs, dont les tarifs sont encadrés par l’Assurance maladie, ne devraient pas faire l’objet de telles pratiques. En dehors de quelques situations exceptionnelles comme les soins en urgence, c’est tout simplement illégal. Et l’observatoire de pointer du doigt les dentistes parisiens, qui facturent à eux seuls 57 % de l’ensemble des dépassements constatés pour les soins conservateurs. Un taux qui représente près de 20 millions d’euros de dépassements en 2012, soit 9,5 euros en moyenne par acte conservateur pratiqué. Selon l’étude, les dentistes parisiens se distinguent aussi par leurs tarifs en matière d’orthodontie : un semestre de traitement coûte en moyenne 1 000 euros dans la capitale, contre à peine plus de 400 euros en Ariège, et la Sécurité sociale ne rembourse que 193,50 euros où que l’on se trouve et à condition que le traitement ait commencé avant les 16 ans de l’enfant.
Des choix thérapeutiques « discutables »
Nombre de dentistes feraient en outre des choix thérapeutiques « discutables » en matière de prothèses dentaires. Ils auraient ainsi tendance à privilégier les solutions les plus onéreuses pour soigner leurs patients, alors que des alternatives moins coûteuses pourraient être envisagées. C’est par exemple le cas avec l’« inlay-core », une reconstitution partielle de dent fabriquée chez le prothésiste et facturée librement par le dentiste de 150 à 300 euros selon les départements. Dans certains cas, ces inlays pourraient très bien être remplacés, à qualité de soins égale, par ce que l’on appelle une « reconstitution sous couronne au fauteuil », une prothèse réalisée par le dentiste à son cabinet. Cette option coûterait moins cher au patient, puisque le tarif est ici encadré par l’Assurance maladie et fixé à 79,53 euros. Pourtant, selon l’étude, l’inlay-core est posé dans plus de huit cas sur dix.
Face à de tels constats, l’observatoire vient d’interpeller l’Assurance maladie. « Sans réponse de sa part, il appartiendrait aux pouvoirs publics d’intervenir pour imposer le respect des règles, étape essentielle à l’objectif de l’accès aux soins dentaires pour tous », conclut l’étude.