Dépression : pas toujours dépistée et souvent mal soignée

, par  Isabelle Coston

Partant du constat que la dépression, un mal très courant, est insuffisamment repérée et prise en charge en France, la Haute Autorité de santé (HAS) émet des recommandations à l’égard des médecins généralistes, « en première ligne pour détecter cette maladie ».

Dans un communiqué du 8 novembre 2017, la Haute Autorité de santé (HAS) donne des clés pour aider les médecins généralistes à mieux diagnostiquer et traiter les dépressions.
L’autorité sanitaire estime qu’une personne sur cinq connaîtra dans sa vie un épisode dépressif. Or, « si cette maladie est connue et ancrée dans tous les esprits, de nombreux cas de dépression ne sont pourtant ni repérés ni traités, augmentant le risque de suicides et entraînant une dégradation de la vie sociale et personnelle », souligne-t-elle.

Savoir reconnaître la dépression

« Quarante pour cent des personnes souffrant de dépression ne recourent pas aux soins dans notre pays », déplore la HAS, qui donne des indications aux médecins généralistes en premier lieu, car ils sont les mieux placés pour dépister la maladie. Elle leur rappelle que, pour établir un diagnostic, ils doivent s’assurer de la présence d’un faisceau d’indices : humeur dépressive, perte d’intérêt ou d’énergie, mais aussi concentration réduite, diminution de l’estime de soi, sentiment de culpabilité, comportement et idées suicidaires ou encore troubles du sommeil et de l’appétit. Si plusieurs de ces symptômes se manifestent quotidiennement, depuis au moins deux semaines et avec une certaine intensité, alors le patient est atteint de dépression. « Certaines déprimes passagères ou certains troubles psychiques graves sont parfois pris pour des dépressions et traités de façon inadéquate », indique l’autorité sanitaire . Les médecins sont tenus d’évaluer les risques de tentative de suicide et d’envisager une hospitalisation « afin de protéger le patient » si ce risque est élevé. Les personnes âgées, en deuil et les femmes qui viennent d’accoucher doivent faire l’objet d’une « vigilance particulière », ajoute-t-elle. La HAS prévient également qu’une dépression peut souvent passer inaperçue chez l’adolescent, « car il éprouve des difficultés à exprimer ses ressentis et manifeste sa souffrance différemment des adultes par de l’agressivité ou de l’irritabilité par exemple ».

Un mauvais usage des antidépresseurs

« Même lorsque la dépression est correctement diagnostiquée, on observe souvent un mauvais usage des antidépresseurs : trop souvent prescrits pour des dépressions légères, pas assez dans des dépressions sévères, ou délivrés sans psychothérapie ni suivi », dénonce l’autorité sanitaire, qui préconise de limiter le recours aux antidépresseurs à certains cas et d’orienter la prise en charge « en premier lieu sur un soutien psychologique qui peut tout à fait être conduit par le médecin traitant, par un psychologue ou par un psychiatre pour les cas complexes ou sévères notamment ». La HAS recommande par ailleurs de programmer « des consultations régulières, toutes les quatre à huit semaines, pour évaluer la tolérance et l’efficacité du traitement, le moduler si besoin et surveiller d’éventuels comportements suicidaires ou des facteurs extérieurs pouvant les déclencher. Une fois les symptômes disparus, le traitement médicamenteux devra être poursuivi entre six et douze mois pour prévenir le risque de rechute ; l’arrêt sera progressif et accompagné par le médecin », conclut-elle.

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