Une récente étude menée par l’université belge de Louvain auprès de mille Néerlandais, publiée lundi 4 février 2019 dans la revue Nature Microbiologyhttps://www.nature.com/articles/s41..., a montré un lien de causalité entre un taux réduit de certaines familles de bactéries intestinales et la probabilité d’être sujet à une dépression. Si ces premiers résultats, fondés sur des statistiques, suggèrent que la composition de la flore intestinale peut influer sur l’humeur des gens, ils devront toutefois être confirmés par d’autres études.
L’intestin : un « deuxième cerveau »
Plusieurs recherches menées ces dernières années ont montré que l’intestin et le cerveau s’échangeaient en permanence des informations, telles que la nécessité de manger ou de boire, via les systèmes nerveux et hormonal. Mais cette communication entre le cerveau et l’intestin est aussi rendue possible par le microbiote intestinal, c’est-à-dire l’ensemble des microbes qui habitent le tractus intestinal humain. Jusqu’à présent, la majorité des recherches avait porté sur des modèles animaux. Mais en raison de son rôle essentiel dans la santé, le microbiote suscite un intérêt grandissant de la part des scientifiques et des cliniciens qui cherchent à déterminer plus précisément lesquels de ces microbes sont responsables du bien-être chez l’homme. Cette fois, l’équipe de chercheurs belges, dirigée par Jeroen Raes, a donc analysé les échantillons de selles de 1 054 personnes inscrites au projet flamand sur la flore intestinale. Entre autres découvertes, ces scientifiques ont par exemple constaté que certains de ces micro-organismes jouaient un rôle dans la production de l’acide dihydroxyphényl acétique (Dopac), un métabolite de la dopamine. Or la dopamine, une substance chimique agissant comme neurotransmetteur dans le cerveau, est indispensable au maintien d’une bonne santé mentale et cognitive.
Flore intestinale et santé mentale : une piste à creuser
Pour étudier la relation entre les bactéries intestinales et la santé mentale, les chercheurs ont identifié des groupes spécifiques de micro-organismes en corrélation positive ou négative avec la santé mentale. « Parmi ces micro-organismes, deux genres bactériens ont particulièrement retenu l’attention des chercheurs : Coprococcus et Dialister, étaient systématiquement retrouvés dans le microbiote de personnes souffrant de dépression, indépendamment du traitement antidépresseur. Les résultats ont été validés dans une cohorte indépendante de 1 063 individus de la cohorte néerlandaise LifeLinesDEEP et dans une cohorte de patients cliniquement déprimés aux hôpitaux universitaires de Louvain, en Belgique », précise le site Pourquoi docteur. Ce dernier ajoute que ces résultats prometteurs, qui ouvrent une piste vers un traitement contre la dépression ou des maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson, auront toutefois besoin d’être confirmés. Le professeur Mireia Valles-Colome, coauteure de l’étude, reste en effet prudente : « Si les chercheurs valident donc l’existence d’un lien entre microbiote intestinal et santé mentale, ils ne peuvent pour le moment démontrer de lien de cause à effet. Ce sera le rôle d’autres travaux qui aideront à orienter et à accélérer la recherche future sur le microbiote humain », a-t-elle déclaré.