VIH : généralisation du dépistage sans ordonnance

, par  Isabelle Coston

Le dispositif « Au Labo sans ordo », expérimenté à Paris et dans les Alpes-Maritimes depuis juillet 2019 et qui permet de dépister les personnes séropositives, va être élargi à la France entière.

Vendredi, à l’occasion du 22e congrès de la Société française de lutte contre le sida (SFLS), le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’est inquiété du très net recul du dépistage du virus du sida depuis le début de la pandémie de Covid-19. C’est pourquoi il a décidé le déploiement sur tout le territoire français de l’opération « Au labo sans ordo » dès le début de l’année 2022.

De bons résultats pour l’opération « Au labo sans ordo »

« Depuis le 1er juillet 2019, le programme "Au labo sans ordo" propose un dépistage du VIH sans ordonnance et sans frais dans tous les laboratoires de biologie médicale de la ville de Paris et des Alpes-Maritimes », explique Santé publique France. N’importe quelle personne pourra donc bientôt effectuer un test de dépistage du VIH sans aucune ordonnance à fournir et sans avancer de frais. Il suffira d’en faire la demande dans l’un des 4 000 laboratoires d’analyses médicales présents sur le territoire, sans avoir à prendre de rendez-vous.
Ce dispositif, officiellement baptisé VIHTest, a pour objectif de simplifier au maximum la détection, et il a d’ailleurs montré son efficacité dans les deux départements où il a été testé. Sur les six derniers mois de 2019 (dans la foulée de la mise en place de la mesure), le nombre de tests pratiqués en laboratoire à Paris a bondi de 16,8 % (soit 20 000 tests pratiqués) par rapport au deuxième semestre de 2018, et de 3,7 % dans les Alpes-Maritimes (2 000 tests). Comme le prévoyait l’Assurance maladie, ce nouveau mode de dépistage ne s’est a priori pas substitué à ceux existants : à Paris, le nombre de tests prescrits a en parallèle augmenté de 6,3 % et l’activité dépistage des centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd) est restée stable. Au total, 44 738 tests ont été réalisés entre juillet 2019 et décembre 2020.

Faciliter l’accès au dépistage

Surtout, le dispositif a touché une population différente de celle qui avait habituellement recours aux tests prescrits par un médecin : plus d’hommes hétérosexuels, de personnes exposées au VIH ou des populations éloignées du système de soins. Le docteur Pascal Pugliese, président du CoreVIH Paca Est et président de la Société française de lutte contre le sida (SFLS), s’est d’ailleurs déclaré « fier de ce travail local qui inspire aujourd’hui la France entière ». Il a ajouté : « Cette généralisation constitue une révolution dans le dépistage. C’est une grande nouvelle dans le combat que nous menons contre le VIH en France. En effet, 6 000 personnes découvrent chaque année leur séropositivité en France, souvent trop tardivement. Multiplier les lieux – il existe près de 4 000 laboratoires en France aujourd’hui – et les possibilités de dépistage sans ordonnance, comme le permet VIHTest, est un nouvel outil qui va nous permettre de prendre en charge plus rapidement les personnes touchées, de leur proposer plus rapidement un traitement et de contribuer à casser la chaîne de transmission du virus. »

Baisse notable du dépistage du sida pendant la crise sanitaire

Selon les chiffres de Santé publique France, le nombre de sérologies VIH pratiquées en laboratoire avait baissé de 14 % en 2020 par rapport à 2019. Or cette chute n’avait pas été compensée par l’utilisation des autotests, dont les ventes en pharmacie avaient reflué de 22 % sur la même période. Ce non-report sera sans doute confirmé par la baisse probable de l’utilisation des tests sérologiques rapides (Trod) réalisés par les associations en 2020, dont les chiffres n’ont pas encore été rendus publics. Le manque de données provenant des tests est donc venu compliquer la surveillance de la circulation du VIH, d’autant plus que les données existantes étaient déjà très loin d’être exhaustives. Selon l’agence sanitaire, les déclarations obligatoires de sérologie positive auxquelles sont tenus cliniciens et biologistes (2 860 en 2020) ne reflètent pas le nombre réel de personnes qui ont découvert leur séropositivité (estimées à 4 856 en 2020), et donc encore moins le nombre de personnes infectées, faute de dépistage pour certaines d’entre elles.

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