Plus de mille experts se sont réunis, les 15 et 16 janvier, à l’occasion de la onzième édition de Paris Hepatology Conference (PHC), le congrès annuel international sur les maladies du foie. La mortalité due à celles-ci, qui ne cesse d’augmenter, notamment pour les cancers, était au cœur des débats. « Nous devons sensibiliser le public, les professionnels de santé et les autorités de santé publique pour encourager la mise en place de politiques efficaces, afin de diminuer la mortalité liée aux maladies du foie à court et à long à terme », a affirmé le professeur Patrick Marcellin, hépatologue et organisateur du congrès, dans un communiqué de presse. Pour ce spécialiste, l’une des solutions consiste à développer le dépistage grâce à un test sanguin réalisé lors des examens de routine.
Une simple prise de sang
Les atteintes du foie sont généralement silencieuses et asymptomatiques, et donc souvent diagnostiquées trop tardivement. Pourtant, elles sont observables très tôt dans le sang grâce au dosage des transaminases, des enzymes qui interviennent dans le métabolisme hépatique. Un taux élevé de transaminases est le signe d’une inflammation du foie responsable de la progression d’une maladie. Si le test sanguin s’avère positif, des examens complémentaires permettent de déterminer le stade de la maladie (fibrose ou cirrhose) et l’état du foie. Pour le professeur Marcellin, « le dosage des transaminases respecte tous les critères de dépistage : c’est un test simple, bon marché, disponible partout et dont la sensibilité, lorsqu’il est correctement interprété, est satisfaisante. En d’autres termes, le dosage systématique des transaminases lors de tout examen de routine constitue aujourd’hui le meilleur outil pour dépister à grande échelle les maladies du foie, encore trop souvent négligées ».
Améliorer le taux de survie
Dans le monde, on estime que 844 millions de personnes sont atteintes de maladies du foie et que 2 millions en décéderaient chaque année. « A titre de comparaison, le diabète, responsable de 1,6 million de décès, touche 422 millions d’individus », précise le communiqué du PHC. Les maladies chroniques du foie évoluent vers la cirrhose ou le cancer du foie. Chaque année ce dernier (troisième cause de décès liés au cancer) est responsable, en Europe, de 49 000 morts, et en France, on en compte près de 9 000 nouveaux cas dont les trois quarts conduisent au décès (près de 7 000 morts). La prise en charge est souvent trop tardive – plus d’un tiers des maladies du foie se révèlent à un stade évolué – et les médecins ne peuvent alors proposer que des soins palliatifs. La survie à cinq ans est d’ailleurs estimée à 10 % seulement. « Dépister tôt une maladie du foie est impératif pour prévenir l’évolution vers un cancer du foie et seule une prise en charge précoce des cancers, peut permettre d’envisager une guérison », conclut le communiqué.