Dépenses de santé : un poids économique en augmentation

, par  Vincent Portois

Un récent rapport de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), doté d’une cartographie médicalisée complète, fournit pour la première fois des prévisions détaillées concernant la hausse des pathologies chroniques dans les années à venir. Un outil instructif et précis pour tenter d’anticiper au mieux la situation.

En lançant l’enquête dont les résultats ont éte publiés ce 31 mai, la Cnam avait pour objectif de mieux connaître les dépenses des Français en matière de santé. Les habitudes de 80 % d’assurés du régime général, soit 57 millions de Français, ont donc été passées au crible sur une période de trois ans allant de 2012 et 2015. Et c’est peu de dire que les dépenses de santé ont augmenté durant cette période. Un phénomène dû en grande partie à l’allongement de la vie rendu possible grâce à des soins de santé de meilleure qualité. On constate ainsi une augmentation globale de 10,2 milliards d’euros des dépenses sur trois ans, pour un budget atteignant 133,6 milliards d’euros en 2015. Le coût global du traitement du cancer connaît une augmentation de 4 % chaque année et concerne 2,5 millions de malades. L’arrivée sur le marché de traitements coûteux, comme les immunothérapies, a pesé dans la balance.
Un tiers des 57 millions de personnes dont le parcours a été étudié a eu recours à des soins réguliers, dans le cadre par exemple de pathologies lourdes dites « spécifiques et chroniques », ou de traitements sur le long, notamment ceux contre le diabète. Les deux tiers restant nécessitent des soins liés à la maternité, des soins courants ou encore les hospitalisations ponctuelles.

Le poids financier des hospitalisations

De manière constante, les charges les plus importantes résultent des hospitalisations dites ponctuelles sans pathologie spécifique, particulièrement à l’heure où la population française vieillit. Ces séjours à l’hôpital concernent en effet 335 000 personnes et représentent le premier poste de dépense de la Cnam, soit 30,7 milliards d’euros. La hausse est forte et les pathologies mentales n’y sont pas étrangères. Ainsi, chaque année, la santé mentale représente 19,3 milliards d’euros de dépenses, soit 7 000 euros en moyenne par patient (comprenant les frais d’hospitalisation, de consultation et la consommation d’antidépresseurs). En trois ans, la progression des dépenses de santé mentale s’est chiffrée à 1,3 milliard d’euros, confirmant l’éternel statut de la France de pays le plus déprimé au monde, comme l’attestent toutes les études sur la dépression menées ces dernières années…

Des prévisions pessimistes

Les projections inédites faites sur cinq ans par l’Assurance maladie ne sont guère rassurantes : d’ici à 2020, 580 000 Français supplémentaires auront une dépense de santé du fait d’une pathologie chronique, d’un traitement long, etc. Les patients traités contre le diabète passeront le cap des 4 millions, soit une augmentation de 12 %. Quant aux patients atteints de maladies cardio-neuro-vasculaires, ils seront 5,1 millions en 2020 (une augmentation de 600 000 personnes en cinq ans) en raison de la hausse continue de la population et de la représentation croissante des personnes âgées.
A l’heure où le système de santé français doit se renforcer face à une sollicitation de plus en plus forte, des pistes pour réaliser des économies vont être principalement proposées. Elles seront notamment présentées dans le prochain rapport annuel de la Cnam, et feront suite à cette analyse globale médicalisée.

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