Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la prématurité est la première cause de décès chez les nouveau-nés. Chaque année, on compte près de 15 millions de naissances prématurées dans le monde. En France, d’après l’enquête périnatale de 2010 de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), le chiffre est de 60 000, soit 165 bébés par jour. On appelle prématuré un nouveau-né qui arrive au monde avant la trente-septième semaine de gestation. Les grands prématurés naissent quant à eux entre la vingt-deuxième et la trente-deuxième semaine. Par comparaison, une grossesse arrive à son terme entre la quarantième et la quarante et unième semaine.
En 1995, il y avait 45 000 naissances de prématurés. Un chiffre qui depuis a augmenté, mais pourquoi ? Les raisons sont multiples. Tout d’abord, les progrès de la médecine ont permis une meilleure prise en charge, et les prématurés ont ainsi une plus grande chance de survivre, souvent sans séquelles. Ensuite, le recours à la procréation médicalement assistée (PMA) est plus important, ce qui entraîne de plus en plus de grossesses multiples. Les femmes sont aussi plus stressées et fatiguées en raison de leur mode de vie ou de leur travail. Enfin, elles deviennent mères de plus en plus tard. Selon l’Institut national d’études démographiques (Ined), l’âge moyen des femmes qui tombent enceintes de leur première enfant a en effet atteint 30 ans en 2009, contre 26,5 en 1977 et 29,9 en 2008. L’âge est l’un des facteurs qui peut entraîner un accouchement précoce, car plus la grossesse arrive tard, plus les risques sont importants pour la mère et le fœtus. Autre profil à surveiller : les femmes qui souffrent de diabète, d’une pathologie cardiaque, d’hypertension artérielle ou encore qui fument ou consomment de l’alcool.
Des bébés si fragiles…
Malformation, retard de croissance, troubles de la motricité ou du langage… : les séquelles peuvent être multiples. « Plus la prématurité est sévère, plus le risque est élevé », comme le démontre l’Inserm à travers son étude épidémiologique sur les petits âges gestationnels « Epipage 2 » : 0,5 % des prématurés tardifs (trente-quatre à trente-six semaines) risquent de souffrir d’un handicap moteur et 5 % d’une déficience intellectuelle. Ces chiffres augmentent pour les grands prématurés (nés avant trente-deux semaines) et atteignent 10 et 15 %. Un prématuré est un bébé fragile. Certains de ses organes, comme ses poumons ou son cerveau, ne se sont pas encore bien développés. L’appareil digestif n’est pas non plus épargné. « Avant le terme de trente-quatre à trente-six semaines, souligne l’association SOS Prema, le prématuré doit être nourri par l’intermédiaire d’une sonde, en raison de l’immaturité de la coordination de la succion, de la déglutition et de la respiration. »
En moyenne, d’après l’étude de l’Inserm, 60 % des accouchements prématurés sont d’origine spontanée et 40 % provoquées par le médecin parce qu’il y a un risque pour la mère ou le bébé. Il ne faut donc pas hésiter à parler le plus tôt possible de sa grossesse à un professionnel de santé pour bénéficier d’un suivi particulier, avec des examens médicaux plus fréquents (multiplication des échographies, monitoring, doppler pour mesurer le flux sanguin entre la maman et le fœtus ou encore amniocentèse afin de détecter d’éventuels anomalies chromosomiques). Après l’accouchement, le nourrisson prématuré sera hospitalisé plusieurs semaines, voire plusieurs mois, jusqu’à ce que son état devienne stable. Stress et fatigue sont alors le quotidien des parents. Comme le précise Charlotte Bouvard, fondatrice de SOS Prema, « la prématurité est un parcours humain extrêmement difficile ».