La barre de 60 à 70 % de personnes ayant été contaminées pour atteindre une immunité de groupe et faire barrage à la pandémie ne sera pas franchie début mai, lorsque le confinement sera levé. Les infectiologues restent toutefois prudents car, à l’heure où nous écrivons, beaucoup d’inconnues demeurent concernant la réponse immunitaire des victimes du SARS-CoV-2.
Une étude réalisée par des chercheurs de l’Institut Pasteur, en collaboration avec Santé publique France et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), révèle en effet que seulement 5,7 % des Français auront été infectés, d’ici au 11 mai, par le Covid-19. « Dans un contexte de grande incertitude, ces analyses de modélisation permettent de mieux comprendre cette épidémie et l’impact du confinement sur la propagation de SARS-CoV-2 », explique Simon Cauchemez, responsable de l’unité Modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur et dernier auteur de l’étude.
Une photographie de l’épidémie dans l’Hexagone
Cette analyse a pour but de donner une « photographie » de l’épidémie en France afin de mieux appréhender un éventuel rebond lorsque les Français vont de nouveau être autorisés à reprendre certaines de leurs activités sociales. Tout d’abord, les résultats de l’étude montrent les conséquences bénéfiques du confinement sur la transmission du virus, « en entraînant une réduction de 84 % du nombre de reproduction de SARS-CoV-2 », précisent les chercheurs, qui ajoutent : « En effet, le nombre moyen de personnes infectées par un cas, le nombre R0, est passé de 3,3 à 0,5 pendant le confinement. Cela a conduit à une réduction du nombre journalier d’admissions en réanimation de 700 en fin mars à 200 en mi-avril. Si cette tendance se poursuit, le nombre journalier d’admissions en réanimation en France devrait se situer entre 10 et 45 au 11 mai 2020, date annoncée de la levée du confinement. »
Ils en concluent que le risque d’hospitalisation, à partir du 11 mai, sera de 2,6 % pour les personnes ayant été infectées, soulignant que celui-ci augmente fortement avec l’âge, pour atteindre 31 % chez les hommes de plus de 80 ans.
Quant au taux de mortalité, il est de l’ordre 0,5 % (13 % chez les hommes de plus de 80 ans). Les médecins ont relevé une létalité du virus beaucoup plus importante chez les hommes, avec une probabilité de décès 45 % supérieure par rapport aux femmes, un écart qui se creuse encore davantage au grand âge.
Une seconde vague
En tentant de mesurer les effets du confinement sur la circulation du virus, les auteurs de l’étude cherchent à évaluer les risques lors d’une seconde vague épidémique qui ne devrait pas manquer de se produire dans la période post-confinement. « Pour mieux comprendre et gérer cette situation sanitaire inédite, souligne l’Institut Pasteur, il est essentiel de pouvoir estimer le niveau de circulation du virus dans la population, d’évaluer le risque de développer une forme grave de la maladie, et de disposer d’indicateurs de mesure de l’impact des efforts de lutte actuels. » Le faible taux de contamination, qui diffère selon les régions mais qui reste dans des taux largement inférieurs aux 60 %, laisse malheureusement craindre une reprise de l’épidémie. C’est la raison pour laquelle les médecins recommandent une levée des progressive du déconfinement et le maintien, notamment, des mesures de distanciation sociale.
#COVID19 : selon une étude, près de 6% de la population française aura été contaminée par le SARS-CoV-2 au décours de la première vague épidémique. @institutpasteur @santeprevention @CNRS https://t.co/SUPrOTykl9
— Institut Pasteur (@institutpasteur) April 21, 2020