6 372, c’est le nombre de personnes qui ont découvert en 2012 qu’elles étaient séropositives, selon le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (INVS), publié le 1er avril. Les nouvelles contaminations sur une année sont elles estimées à environ 6 000, tandis qu’environ 1 500 personnes ont développé une pathologie sida. Trois chiffres qui correspondent chacun à un moment différent dans la maladie. Et à chaque étape, le nombre de personnes concernées peut être évalué.
L’histoire d’une personne contaminée, c’est…
« Prenons l’histoire d’une personne contaminée par le VIH, résume Françoise Cazein, épidémiologiste au département des maladies infectieuses de l’INVS et coauteure de l’article « Découvertes de séropositivité VIH et sida, France 2003-2012 ». A une date 1, elle est contaminée (nombre de contaminations). A à une date 2, cette personne est diagnostiquée : elle fait une prise de sang et le biologiste constate qu’elle est infectée par le virus (nombre de découvertes de séropositivité). Si cette personne n’est pas prise en charge, et ne reçoit donc pas de traitement dans un certain délai, elle va développer les pathologies sida, c’est-à-dire le stade final de la maladie, avec l’apparition d’un certain nombre de maladies opportunistes (nombre de personnes atteintes d’une pathologie sida). »
VIH et sida, ce n’est pas la même chose
Deux chiffres existent donc, l’un pour le VIH, l’autre pour le sida. Mais alors, ce n’est pas la même chose ? Non effectivement, rappelle Françoise Cazein : « La confusion est souvent faite entre VIH et sida, mais ces deux termes ne sont pas synonymes. L’infection au VIH, c’est lorsqu’un individu a été contaminé par le virus, mais il peut rester sans symptôme pendant plusieurs années. Le sida est le stade avancé de l’infection par le VIH, en général plusieurs années après la contamination, quand la personne développe des maladies graves, opportunistes. »
Compter ou estimer : les deux méthodes sont utilisées
Compter le nombre de personnes qui découvrent chaque année leur séropositivité semble chose faisable, elles étaient 6 372 en 2012. D’autant que depuis 2003 les personnels de santé ont l’obligation de déclarer chaque nouveau cas. « Quand une personne est diagnostiquée, le biologiste qui a fait la prise de sang et trouvé le résultat positif ou le médecin qui a prescrit la sérologie au patient sont censés déclarer le diagnostic, explique la chercheuse. On a donc une source de données, qui est la déclaration obligatoire. » Concernant le nombre de personnes ayant développé le sida (1 507 en 2010), le principe est le même : à chaque nouveau diagnostic, une déclaration est faite. Reste le nombre de contaminations annuelles… Et là, ce n’est qu’une « estimation obtenue par un modèle mathématique », indique-t-elle. Impossible, en effet, de savoir chaque jour qui est contaminé.
Mieux comprendre pour mieux alerter
« Cette étude donne des indications sur les modes de contamination (les personnes ont-elles été contaminées lors de rapports homosexuels ou hétérosexuels ? Quelle est la part des contaminations par usage de drogue ?) et des informations sur le caractère précoce ou tardif du diagnostic, souligne l’épidémiologiste. Suivre l’évolution des modes de contamination, identifier le moment du diagnostic, cela permet d’orienter les politiques de prévention et d’incitation au dépistage, de planifier les prises en charge médicales. » Si les politiques publiques ont recommandé pendant des années de dépister les personnes à risque, un changement se dessine avec la recommandation d’élargir le dépistage à l’ensemble de la population, car c’est « en améliorant les dépistages précoces, puis la prise en charge que l’on peut faire diminuer les cas de sida ».