Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, le 17 mars, Nicolas Clément, responsable d’équipes d’accompagnement de familles à la rue et en bidonville au Secours catholique, tire la sonnette d’alarme : « Le coronavirus, c’est la double peine pour les plus pauvres ». Les mesures prises par le gouvernement pour limiter la propagation du virus sur le territoire, pourtant nécessaires, risquent, selon lui, d’accentuer la précarité des populations déjà fragiles.
Des difficultés à trouver de la nourriture et un logement
Pour illustrer son propos, il cite notamment la fermeture des restaurants qui va avoir des répercussions : « Tout cela va couper les approvisionnements des gens de la rue et des bidonvilles : plus de repas distribués, plus de lieux où souffler en prenant un café ou un hamburger ; plus de récupération auprès de restaurateurs attentionnés (plus nombreux qu’on ne l’imagine) ; beaucoup moins d’invendus de boulangeries (celles-ci vont baisser fortement leur production puisque les chalands seront moins nombreux) ; beaucoup moins de récupération dans les poubelles d’aliments ou de biens à revendre puisque le confinement les limitera aussi. » La question du logement des plus fragiles est également source d’inquiétude dans le contexte actuel, même si le gouvernement a prolongé la trêve hivernale et l’ouverture des centres d’hébergement jusqu’au 31 mai. Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement, a annoncé dans un communiqué du 18 mars, la mise en place de centres d’hébergement spécialisés destinés aux plus vulnérable malades « non graves » du Covid-19 dont deux devraient ouvrir à Paris dans les prochains jours. Mais, l’association Droit au logement (DAL) veut aller plus loin et demande : « la réquisition pour les sans-abri, dans les zones tendues, des logements vacants de grands propriétaires, des locations Airbnb &Co et des logements sociaux prévus à la démolition ; un moratoire sur la part du loyer supérieure à 20 % du revenu de chaque locataire ; le rétablissement intégral des aides personnelles au logement (APL) et leur renforcement, couplé à une vraie baisse des loyers ; un moratoire sur les factures impayées d’énergie, d’eau, de téléphone et d’internet pour cause de revenus insuffisants ou en baisse. »
Continuer à aider malgré tout
Sur le terrain, les acteurs restent mobilisées. Le Samu social continue ses maraudes malgré les difficultés dont fait part son directeur, Jérôme Rybinski, dans les colonnes de La Voix du Nord du 17 mars : « […] Il y a moins d’équipes bénévoles qui tournent, les organismes risquent de s’affaiblir, ils n’ont pas besoin de ça avec le virus qui rôde. Et nous, on est dans un paradoxe, tiraillé entre se sécuriser, nous comme eux, car on peut être porteurs, et ne pas les abandonner dans la rue… » De son côté, la Banque alimentaire, lance un appel à la générosité pour « faire face à des dépenses de fonctionnement inattendues mais nécessaires ». « La solidarité doit se poursuivre sur tous les territoires pour continuer d’aider les populations en situation de précarité à accéder à une alimentation saine, sûre, diversifiée », indique l’association.
[#Solidarité] / [#COVID19] Pour faire face à des dépenses de fonctionnement inattendues mais nécessaires pour assurer notre mission sur tout le territoire, nous en appelons à votre générosité.
🧡 Agissez de chez vous, faites un don : https://t.co/t7qa9nblyG
— Banques Alimentaires (@BanquesAlim) March 17, 2020