Les chiffres sont inquiétants et les démonstrations anxiogènes sont légion dans cette première édition du rapport The Lancet Countdown, à savoir le compte à rebours sur la santé et le changement climatique. Amené à être reconduit tous les ans, et ce jusqu’à 2030 au moins, ce rapport est passé entre les mains de pas moins de vingt-quatre organismes de recherche et institutions internationales dont diverses universités ainsi que l’Organisation mondiale pour la santé (OMS). On y évoque le stress thermique, l’insuffisance cardiaque due à la pollution au charbon — ayant même tué plus de 800 000 personnes prématurément dans vingt et un pays d’Asie —, ou encore les canicules, ces vagues de chaleur « de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses » touchant les populations vulnérables, pour atteindre un total de 175 millions de personnes affectées en 2015. Les catastrophes liées aux conditions météorologiques ne sont pas sans conséquences sur la population mondiale, « les impacts du changement climatique affectent de façon disproportionnée la santé des populations vulnérables, et notamment celles des pays à revenu faible et intermédiaire. En compromettant les déterminants sociaux et environnementaux de la santé, ils exacerbent les inégalités sociales, économiques et démographiques, et toutes les populations en ressentent à terme les effets ». Ainsi, les inégalités s’accentuent et les épidémies, souvent dues aux catastrophes climatiques (inondations, sécheresse…), ont augmenté de 46 % en quinze ans. Ces dernières apportant leur lot de maladies, telles que la dengue ou le chikungunya, dont les populations vulnérables sont les premières à souffrir. La malnutrition dans le monde, une des plus importantes conséquences directes du changement climatique, va aussi augmenter, selon le rapport, à cause d’une baisse de 6 % du rendement pour le blé et de 10 % du riz à chaque hausse de 1 degré de la température mondiale.
Une prise de conscience tardive, mais réelle
Pendant des décennies d’insouciance, la pollution, les déchets, les catastrophes climatiques n’ont fait que s’accumuler et prendre de l’ampleur… L’adaptation aux changements climatiques s’avère obligatoire maintenant que le dérèglement est bel et bien installé. Avant son rapport The Lancet Countdown, la revue avait déjà fait part, en 2015, du coût très élevé qu’engendrait ce dérèglement climatique, via sa commission santé et climat, ajoutant que les progrès médicaux des dernières décennies pouvaient même être anéantis. Mais depuis plusieurs années, de nombreux chefs d’Etat ont mesuré l’importance du problème écologique, jusqu’au symbolique 22 avril 2016, jour de l’accord universel de Paris sur le climat. Un événement sans précédent qui va dans le sens d’une société à faible teneur en carbone. « Bien qu’historiquement les progrès aient été lents, on peut observer ces cinq dernières années une réponse accélérée, et la transition vers une production d’électricité bas-carbone apparaît désormais inévitable, ce qui semble indiquer le début d’une transformation plus large. En 2017, on constate un élan grandissant dans un certain nombre de secteurs, et le cap est désormais fixé — offrant des possibilités claires et sans précédent pour la santé publique ». Pour enrayer le compte à rebours, les efforts doivent se multiplier. La prévention et la lutte contre le dérèglement climatique constituent de forts « gains substantiels pour la santé publique », comme l’affirme le rapport. Il s’agit en effet d’améliorer pour de bon la sécurité alimentaire, de mieux gérer l’énergie et la qualité de l’air des villes, de diminuer la pauvreté et d’offrir un meilleur accès à l’eau, pour en arriver de nouveau à un changement, mais allant dans le bon sens cette fois-ci.